dodis.ch/47299 Le Ministre de Suisse à Washington, K. Bruggmann, au Chef du Département politique, M. Pilet-Golaz1

Je saisis l’occasion que m’offre le voyage de Monsieur Gautier pour vous remercier chaleureusement de m’avoir appelé à Berne2 et de m’avoir ainsi permis de prendre contact avec notre pays. Je vous suis particulièrement reconnaissant des entretiens que j’ai pu avoir avec vous et de l’amabilité que vous avez bien voulu me témoigner. Je vois maintenant beaucoup plus clair. En outre, cela faisait du bien de respirer quelque peu que ce fût l’air de notre pays.

Mon voyage de retour s’est effectué selon le plan. Je suis bien arrivé à Washington après un vol magnifique de trente-trois heures, depuis Lisbonne.

L’attitude américaine vis-à-vis de notre pays me semble en ce moment moins rigoureuse qu’au début du freezing3. Le plus grand danger est pour l’instant le manque de compréhension du côté anglais.

Le fait que le «Defense Board» qui a été institué ici et qui est présidé par Mr Wallace tranchera à l’avenir les divergences entre les divers départements, me permet d’espérer que les choses n’iront pas trop mal.

Je me demande aussi s’il n’y aurait pas lieu de prier le Gouvernement américain d’user de son influence vis-à-vis de l’Angleterre, si nous ne pouvons pas obtenir un traitement plus équitable de cette dernière4. Une démarche de ce genre pourrait peut-être se faire plus facilement lorsque Mr Leith-Ross5, qui joue je crois un rôle important au «Ministry of Economic Warfare» à Londres et doit arriver dans trois ou quatre semaines, sera ici pour conférer avec les Américains. Le cas échéant, je vous serais obligé de me faire parvenir avec vos instructions un exposé sur l’état actuel des négociations avec l’Angleterre6.