dodis.ch/46807
Notice du Chef de la Division des Affaires étrangères du Département politique,
P. Bonna1
M. Hélouis, Conseiller de l’Ambassade de France, vient me voir à 17 heures 15. Il se réfère à la communication qui a été faite à M. Stucki par les Services du Quai d’Orsay au sujet des précautions à prendre concernant le trésor de la Banque nationale et des banques particulières2. Il accentue davantage encore le point de vue du Gouvernement français. Un journal allemand aurait publié la photographie du fort du Gothard où se trouverait la réserve or de la Banque nationale3. Il serait, d’autre part, de notoriété publique que les banques de Zurich et de Bâle envisagent des mesures d’évacuation de leur or et de leurs valeurs en cas de danger grave, mais que ces mesures d’évacuation ont grande chance de ne pas pouvoir être effectuées en cas d’attaque brusquée. Le Gouvernement français attribue au désir de s’emparer des ressources financières de la Tchéco-Slovaquie la rapidité foudroyante avec laquelle les opérations contre cet Etat ont été menées et il tient à nous mettre en garde contre les inconvénients qu’il y a à tenter un prédateur éventuel. De l’avis de M. Hélouis, il serait urgent que la Suisse mît à l’étranger, notamment en Amérique, la majeure partie de son trésor et le fît savoir de façon non équivoque, pour démontrer l’inanité d’une attaque contre la Suisse pour des buts militaires.
J’ai laissé voir à M. Hélouis que son raisonnement ne m’impressionnait pas beaucoup. Je ne suis pas allé jusqu’à donner à entendre qu’il ressemblait beaucoup à une manœuvre financière. Je me suis borné à lui dire que je prenais acte de ce qu’il me disait et que j’en ferais part aussitôt aux autorités compétentes.