dodis.ch/46592 Le Chef du Département politique, G. Motta, au Ministre des Affaires étrangères du Royaume du Danemark, P. Munch1
Cher Monsieur Munch,
J’ai eu l’honneur de recevoir, des mains de Monsieur Hansen, la si aimable lettre2 par laquelle vous avez bien voulu m’inviter é participer, de même que les Ministres des Affaires étrangères de Belgique, de Luxembourg et des Pays-Bas, à la prochaine réunion des Ministres des Affaires étrangères des Pays du Nord qui aura lieu à Copenhague à la fin de juillet.
Je vous suis très reconnaissant de cette invitation, qui constitue une nouvelle preuve du caractère confiant des relations existant entre nos pays que tant de points communs rapprochent. L’amitié que vous me témoignez, l’extrême obligeance avec laquelle vous me demandez de venir à Copenhague me trouvent fort sensible et seraient pour moi une raison de plus de désirer pouvoir participer à une réunion dont je mesure tout l’intérêt et de déplorer de ne pas pouvoir le faire.
Ainsi que Monsieur Hansen vous l’aura sans doute déjà fait savoir, le peuple suisse est, en effet, fort attaché à une tradition selon laquelle les membres du Gouvernement fédéral ne se rendent pas en mission officielle à l’étranger. Une infraction à cette règle, qui n’a subi d’exceptions que dans des cas d’une exceptionnelle gravité, créerait dans l’opinion publique suisse un désarroi d’autant plus fâcheux qu’il est admis par chacun que la situation spéciale de la Suisse lui impose une réserve plus grande encore que par le passé aujourd’hui que sa neutralité intégrale a été reconnue dans le cadre de la Société des Nations. La conviction que ma présence à la Conférence de Copenhague ferait l’objet de commentaires qui en déformeraient complètement la portée a conduit le Conseil fédéral à juger préférable de me prescrire l’abstention.
Je suis au regret de devoir renoncer ainsi au plaisir de voir votre beau pays et d’avoir avec vous un échange de vues qui aurait eu pour moi un très grand intérêt, mais je suis convaincu que vous comprendrez la force des raisons qui m’en tiennent éloigné et je me félicite d’avoir bientôt l’occasion de vous revoir à Genève.