dodis.ch/46368 Le Capitaine EMG, B. Barbey, au Conseiller de légation à la Légation de Suisse à Paris, H. de Torrenté1

Mon Major,

J’ai vu le Maréchal Pétain, qui, après avoir réfléchi et posé le pour et le contre, m’a donné une réponse malheureusement négative. Et ceci pour des raisons qu’il est bien aisé de comprendre:

Si le Maréchal venait assister aux manœuvres de la Ire Division, ce voyage serait «interprété» outre Rhin et exploité d’une manière qui serait préjudiciable à nos intérêts comme à ceux de la France.

Une conférence présenterait, dans une certaine mesure, les mêmes inconvénients. Et d’ailleurs, le Maréchal a refusé, au cours de ces dernières années, un grand nombre de demandes de conférences émanant de Belgique, de Hollande, d’Angleterre. Il lui est difficile de faire une exception en notre faveur et de créer un précédent.

Ces réflexions, le Maréchal reconnaît qu’elles ne lui étaient pas, jusqu’ici, apparues avec une telle netteté. Mais il proteste que l’intérêt qu’il porte aux questions de notre défense nationale n’en est pas moins grand et qu’il se propose de voir, avant leur départ et à leur retour, les officiers qui feront partie de la mission française envoyée à nos manœuvres.

Quant aux projets Weygand, il est inutile de les reprendre avant octobre, puisque le général ne sera pas fixé avant cette époque sur le programme de son activité de l’hiver.

J’ai écrit au Cdt du Ier C.A., qui s’intéressait vivement à ce double projet, pour le tenir au courant.

Je vous prie de croire, mon Major, à mes sentiments bien sincèrement dévoués.