Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 11, doc. 313
volume linkBern 1989
more… |▼▶Repository
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2300#1000/716#524* | |
Old classification | CH-BAR E 2300(-)1000/716 259 | |
Dossier title | Madrid, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 8 (1935–1938) |
dodis.ch/46234
Le Chargé d’affaires a. i. de Suisse à Madrid, E. Fontanel, au Chef du Département politique, G. Motta1
Le sort en est jeté. Le Gouvernement est parti pour Valence. Quoiqu’on s’attendît depuis longtemps à cet événement, il a causé une profonde impression, car il est sans doute le signal de la fin. La nouvelle nous fut communiquée par une let tre du Ministre d’Etat, en date d’hier, le 6 novembre, remise ce matin à 111/2 h. à
l’Ambassadeur du Chili par le Secrétaire général du Ministère, M. de Urena.
Cette lettre est brève. En cinq lignes elle communique que dorénavant la capitale sera transférée à Valence. Le Sous-Secrétaire déclara au doyen que désormais
Madrid devait être considérée seulement comme un chef-lieu de province et que pour toutes les questions de sécurité et d’organisation, le Corps Diplomatique devait s’adresser au Directeur général de sécurité [sic]; pour les affaires politiques, il conviendrait de se mettre en rapport avec le gouvernement à Valence.
Nous voici donc devant le fait accompli. Le Corps Diplomatique reste ébahi devant l’action du gouvernement qui sans plus marquer aucune forme de courtoisie ni plus donner des assurances quant à la sécurité, s’enfuit ailleurs. Il se rappelle
à ce propos la promesse formelle de M. Alvarez del Vayo2, faite aussi au soussigné, d’informer le Corps Diplomatique en temps utile pour qu’il puisse se mettre en sécurité. Ce gouvernement se couvre de boue. Impuissant à contenir les masses dont il a déjà avant l’insurrection stimulé les appétits les plus grossiers, il doit
céder lui-même, non seulement aux rebelles, mais à l’action des éléments les plus radicaux qui le composent. D’après d’autres renseignements qui nous parviennent, le gouvernement ne serait pas parti dans sa totalité et en fait le président du
Conseil3 et M. Alvarez del Vayo auraient été empêchés de se déplacer et seraient
D’autre part, la justice exige peut-être que périsse par la main de ceux-là mêmes,
celui chez qui il fomente la haine sociale [sic]. Madrid se trouve donc, alors que le canon tonne à ses portes, dans une situation quasi anarchique, dont les conséquences peuvent être très graves pour tous. Bien qu’on nous ait affirmé que la direction générale de sécurité subsiste, il semble que son directeur, un sinistre représentant du parti, ne soit plus ici. Ce serait, paraît-il, Margarita Nelken, la prophétesse communiste bien connue, qui dirigerait les affaires de la direction
générale. Pour combien de temps, l’avenir le dira. Je crois, en effet, qu’à la réception de ce rapport les événements m’auront devancé et que je vous en aurai déjà
rendu compte télégraphiquement.
Ce matin à la séance diplomatique4, il fut décidé en l’absence du gouvernement
d’obtenir du gouverneur militaire actuel de la place de Madrid, le général Miaja,
les assurances concernant notre sécurité. D’autre part, le doyen se mettra en rapport avec le collège des avocats pour obtenir au moins un appui moral dans les gestions à entreprendre. Une d’entre elles serait d’adoucir le sort des prisonniers qu’on menace d’emmener en otage (il y en a environ 10 000) à Valence. Un grand nombre d’officiers prisonniers auraient déjà été envoyés à Alcala de Henares. [...]
Sur le progrès des opérations, je ne puis, avant le départ de ce courrier par avion français, que vous donner de brefs renseignements. Malgré l’émulation artificielle du gouvernement et de la presse, les milices ne manifestent qu’un enthousiasme bien faible pour une cause qu’on dit être du peuple. Leur attitude au front est paraît-il piteuse. On a vu des officiers les menacer du pistolet pour les faire avancer. D’autre part, les éléments radicaux poussent les gardes constitués, tels que les gardes d’assauts et la garde nationale républicaine à se mettre à l’avant, désireux qu’ils sont de les faire anéantir pour se protéger eux-mêmes. Beaucoup d’ailleurs passent quand ils le peuvent du côté rebelle. On soupçonne aussi l’action des fameux comités contre les gardes des Légations avec l’intention de les désarmer et de se débarrasser de ces éléments intéressants. Il y aurait des volumes à écrire sur les iniquités qui se commettent actuellement. On a toutefois l’impression qu’avec le départ du gouvernement, la résistance de Madrid, malgré les éléments extrêmes de la F.A.I. pourrait être moins grande qu’on craint, ce qui serait certainement à l’avantage de nous tous.
Tags
Spain (Others)
Spanish Civil War (1936–1939)