Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 11, doc. 263
volume linkBern 1989
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2300#1000/716#121* | |
Old classification | CH-BAR E 2300(-)1000/716 64 | |
Dossier title | Berlin, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 37 (1936–1936) |
dodis.ch/46184
En date du 4 de ce mois, votre Division des Affaires étrangères me demandait mon avis au sujet de la situation à Dantzig telle qu’elle m’apparaissait envisagée d’ici à la suite de l’attaque dirigée par le Gauleiter Forster contre le Haut Commissaire de la Société des Nations et répandue dans la presse avec complaisance par les soins du Deutsches Nachrichtenbureau. Ce même jour encore, le président du Sénat de Dantzig, Greiser, se livra à son tour devant le Conseil de la Société des Nations, à Genève, à une attaque non moins véhémente contre le régime existant dans la Ville libre de Dantzig, manifestation intempestive qui ne pouvait manquer d’avoir un grand retentissement.
Quant à l’avis que je suis appelé à exprimer, je voudrais, d’une manière générale, me référer à l’opinion qui se retrouve, comme une trame, dans mes rapports politiques des derniers temps et à teneur de laquelle il existe un certain nombre de problèmes internationaux pour l’Allemagne que, tôt ou tard, par des moyens pacifiques ou par la force, elle se propose de résoudre selon ses vues. Parmi ces grandes questions figure Dantzig, à côté de Memel, de la Haute Silésie, du Corridor polonais, d’Eupen-Malmédy, du Schleswig, de l’Autriche, des Allemands de Tchécoslovaquie2, des Baltes allemands, des colonies, de la plus grande Allemagne enfin, conception encore moins définie et de réalisation plus lointaine, mais existante et nous intéressant au premier chef.
Dans quel ordre, selon quel rythme et quelles méthodes, ces problèmes figurant au programme de politique extérieure du régime national-socialiste vont-ils être pratiquement attaqués et menés à bonnes fins allemandes, personne, je crois, ne saurait le préciser aujourd’hui. Cela me paraît, d’ailleurs, d’ordre secondaire en présence du fait certain que l’Allemagne actuelle est résolue à les aborder, l’un après l’autre, au moment où, pour chacun d’eux, les circonstances lui paraîtront propices. C’est, du reste, la pâture d’ordre extérieur d’autant plus nécessaire pour un grand peuple fortement armé que ses conditions économiques, financières surtout, vont en empirant.
Après les grands coups de la liberté reprise en matière d’armement et dans la zone démilitarisée, c’est donc le tour de Dantzig. Le régime actuel tient essentiellement à cette méthode de surprise, qu’il est en mesure de pratiquer et qu’il continuera, n’en doutons pas, à appliquer. Cela étant, le monde ferait mieux de ne pas se montrer démesurément étonné à chaque événement, mais, au contraire, de s’y préparer et de prendre les déterminations voulues en temps utile. Les lamentations tardives ne serviront à rien et leur répétition ne produira ici que l’effet d’encouragements.
Pour en revenir à la Ville libre de Dantzig, la situation créée par les derniers événements n’est cependant pas encore très claire étant donné la complication du statut de ce petit Etat. Ce que l’on peut dire c’est qu’il cherche, d’entente entière avec Berlin, à se débarrasser, peut-être par étapes, de l’immixtion de la Société des Nations. En revanche, on chercherait, jusqu’à nouvel avis, à opérer et vivre d’accord avec la Pologne, car le moment n’est pas venu de régler les comptes – peut-être même en douceur – avec elle.
La mission de la Société des Nations et de son Haut Commissaire à Dantzig sont, en somme, de deux sortes: veiller à la juste application de sa constitution, placée sous la garantie de la Société des Nations, et arbitrer les contestations s’élevant entre la Pologne et la Ville libre. Si ceux-ci décidaient de s’entendre dorénavant directement, sans le concours du Haut Commissaire ou, en dernière instance, de la Société des Nations, une des raisons de l’institution d’un Haut Commissaire disparaîtrait. Il s’agit, d’ailleurs, avant tout de questions d’ordre économique, comme ce sont les intérêts économiques de la Pologne qui ont fait inventer, en 1919, la Ville libre de Dantzig.
En revanche, l’autre mission du Haut Commissaire, celle d’assurer la correcte application de la Constitution de Dantzig, peut l’entraîner à intervenir dans des questions de politique intérieure. C’est ce que M. Lester aurait fait, certainement à bon droit, mais peut-être avec une insistance superflue, et c’est ce qui aurait mis le feu aux poudres national-socialistes. Eliminer définitivement le Haut Commissaire ou, pour le moins, remplacer l’actuel par une personnalité plus compréhensive des aspirations national-socialistes dans la Ville libre en grande majorité allemande, tel serait donc, dans la pensée aussi bien des Forster et Greiser que de Hitler, auprès duquel Greiser se trouverait en ce moment à Berchtesgaden, la première étape de la manœuvre dantzigoise. On peut admettre, que pour ce qui concerne la mission du Haut Commissaire, la Pologne et l’Allemagne se mettront facilement d’accord. Pour le reste, la Pologne voudra sauvegarder ses droits, ce qui n’excluerait pas d’en faire l’objet de nouveaux arrangements entre Varsovie et Berlin.il est intéressant de constater cependant que, pour l’instant, le gouvernement polonais n’entend pas encore opérer seul dans la discussion diplomatique qui vient de s’ouvrir; car c’est sur son désir formel que les représentants de la France et de la Grande-Bretagne sont intervenus, dès lundi dernier, auprès du gouvernement allemand. Celui-ci a donné des assurances tranquillisantes quant au développement ultérieur et prochain du problème de Dantzig. Mais il n’y a pas de doute qu’à Berlin on se solidarise avec les attaques brusquées de Forster et de Greiser, malgré tout ce qu’elles ont d’insolite, pour ne pas dire plus, dans la forme et dans le genre. On se montre si bien renseigné à la Wilhelmstrasse qu’officiellement on y reconnaît le pied de nez de Greiser à l’adresse des journalistes, mais conteste qu’il l’ait complété en tirant la langue!
Dans quelques milieux diplomatiques d’ici, on critique l’attitude passive de Mr. Eden, en sa qualité de président du Conseil de la Société des Nations, tant visà-vis de Greiser, vu la virulence et l’insolence de son langage, que vis-à-vis de journalistes qui, une fois de plus, se sont livrés à des manifestations inconvenantes. On trouve que cette séance du Conseil de samedi soir n’a été rien moins qu’un modèle de dignité.
J’apprends aussi que l’attitude prise par Greiser à Genève a dû être une surprise pour M. Lester lui-même. Car à son passage à Berlin encore, deux jours auparavant, il a déclaré savoir que les chefs nazis Forster et Greiser n’étaient point d’accord entre eux.
Il va de soi que je vais suivre les développements de la nouvelle affaire de Dantzig et vous tenir au courant de mes informations et impressions.
- 1
- Rapport politique: E 2300 Berlin, Archiv-Nr. 37.↩
- 2
- Dans son rapport du 12 mai 1936, P. Dinichert analyse ainsi la situation des Allemands de T chécoslo vaquie: [...] Von unterrichteter diplomatischer Seite höre ich, dass tatsächlich nicht behauptet werden könne, dass Deutschland gegen die Tschechoslowakei dermalen agressive Absichten territorialer Natur hege. Dagegen seien enge Verbindungen zwischen der deutschen national-sozialistischen Partei und den Sudetendeutschen der Tschechoslowakei nachgewiesen, trotzdem dies in Berlin auch an hohen amtlichen und parteipolitischen Stellen stetsfort in Abrede gestellt werde. Die Prager Regierung habe sogar dafür Beweise in Händen, dass die sudetendeutsche Partei Henlein’s von der NSDAP mit ansehnlichen Finanzmitteln unterstützt und gefördert werde. Das schon reiche Beweismaterial werde weiterhin gesammelt, um im gegebenen Zeitpunkte hier mit den gebührenden Vorstellungen auf den amtlichen Tisch gelegt zu werden. Der Moment hierfür sei auch deshalb nicht gekommen, weil die Gesamtbeziehungen zwischen Deutschland und der Tschechoslowakei vorderhand mit einer Anzahl anderer wichtigster Fragen Gegenstand der im Gange befindlichen Verhandlungen zwischen den europäischen Grossmächten bilden sollen. In der Tat ist in den kürzlich hier überreichten britischen Rückfragen auch die enthalten, ob der deutscherseits angebotene Nichtangriffsvertrag mit der Tschechoslowakei, wie mit Österreich, gegenseitige Unterstützungspakte nicht ausschliessen würde. Letzeres entspricht der Forderung der tschechoslowakischen Regierung, die mit dem deutschen Nachbar gute Beziehungen zu unterhalten wünscht und auch gewillt ist, mit ihm einen Nichtangriffspakt einzugehen, aber nur unter der unbedingten Voraussetzung der Garantie kollektiver wie durch Beistandspakte gewährter Sicherheit. Bekanntlich bestehen in dieser grundsätzlichen Beziehung deutscherseits die stärksten Hemmungen. Die Tschechoslowakei will sich seitens Deutschlands solange nicht ungebührlich beunruhigt fühlen, als sie gegebenenfalls auf die augenblickliche Unterstützung Frankreichs und Russlands zählen zu können glaubt. Ausgedehnte militärische Vorbereitungen für ein Zusammengehen der tschechoslowakischen und der russischen Luftstreitkräfte sollen in entlegenen, weltabgeschiedenen Gegenden 'der Tatra durchgeführt oder jedenfalls im Gange sein. Was gerade die Tschechoslowakei betrifft, so ist bemerkt worden, dass der Reichskanzler in seiner Rede vom 1. Mai sich mit Wucht gegen die im Ausland verbreiteten «Lügen» aufgelehnt hat, wonach Deutschland sich vorbereite, in Österreich und der Tschechoslowakei einzufallen. Die anwesenden Parteiorganisationen nahmen diese Erklärung in auffallender Einmütigkeit mit Pfuirufen und Gelächter entgegen. Im amtlich veröffentlichten und also auch vorbereiteten Wortlaut der Kanzlerrede ist aber die Tschechoslowakei nicht erwähnt, sondern Österreich allein. Grund und Zweck dieser auffallenden Divergenz scheinen nicht abgeklärt. Die tschechoslowakische Regierung ist geneigt, wie das wohl vernünftig ist, die Aufrichtigkeit der steten Friedensbeteuerungen Hitler’s insofern nicht in Zweifel zu ziehen, als dieser offenbar wünscht und hofft, die dem deutschen Volke versprochene Befriedigung seiner Lebensbedürfnisse auf friedlichem Wege zu sichern. Was aber als diese Existenzerfordernisse zu gelten hat, darüber herrscht umsomehr Unklarheit, als der Begriff äusserst dehnbar ist.[...] (E 2300Berlin, Archiv-Nr. 37.)↩