Classement thématique série 1848–1945:
II. RELATIONS BILATÉRALES
12. Grande-Bretagne
12.3. Questions politiques générales
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 10, doc. 368
volume linkBern 1982
more… |▼▶Repository
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2300#1000/716#479* | |
Old classification | CH-BAR E 2300(-)1000/716 228 | |
Dossier title | London, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 27 (1933–1933) |
dodis.ch/45910
[...]2
En ce qui concerne l’action de M. Mussolini3, on se tient, comme je viens de le dire, dans une attitude d’attente. Au premier moment, l’effet de la décision du Grand Conseil à Rome4 n’a pas eu le caractère d’un choc. On l’a reçue d’une manière comparativement calme, en admettant qu’il y avait en effet quelque chose à dire en faveur de l’idée même. La façon brusque appliquée par le Duce a été expliquée, je le répète, par le fait qu’on se trouvait en face d’un dictateur.
Depuis lors, l’impression paraît avoir changé et on envisage la situation avec pas mal d’inquiétude.
Comme je viens de l’apprendre par mon ancien collaborateur, M. Léopold Boissier - qui a dîné hier avec Sir John Simon - le Duce ne se dérange pas pour faire des propositions pour la façon dont son idée de reconstruction pourrait être réalisée. Sir Eric Drummond5 aurait envoyé un rapport sur un entretien qu’il aurait eu avec M. Mussolini, où les propositions constructives de la part de ce dernier, auraient manqué totalement. Il aurait même donné à son interlocuteur l’impression d’être quelque peu vaguement au courant de l’ambiance à Genève et ne se serait même pas rappelé exactement de ce qu’était le Traité de Locarno6! Selon cette information, l’attaque fasciste contre Genève se présenterait comme un de ces tours du Palais Chigi exécuté surtout dans le but d’affirmer la position du Duce sur le champ des affaires européennes7.
Il me semble qu’en ce moment-ci je ne puis dire plus que ceci:
Malgré que l’idée d’une révision du Pacte de la Société des Nations n’est en ellemême pas sans un fond de raison, le coup porté par M. Mussolini contre Genève, et la façon dont ceci a été fait, a fini par provoquer une impression pénible à Londres comme à Paris8;
Cette impression s’accentue par le fait qu’une proposition constructive sur la manière dont la reconstruction de la Société des Nations serait à entreprendre ne paraîtrait pas suivre de Rome où on se serait ainsi limité à l’attaque même - doublement regrettable à l’époque actuelle - sans prendre la peine d’étudier ou d’indiquer le remède;
Attendu que le pacte même contient les moyens de procéder à une révision en cas de désir ou de nécessité, il ne faut pas se laisser brusquer par la mesure prise par Rome;
Des efforts paraissent être en cours pour établir une entente entre Londres et Paris par rapport à l’attitude à adopter vis-à-vis de Rome. Paris semblerait prendre une position défiante en faveur du maintien du principe démocratique;
Les manières prises dernièrement par les Dictateurs à l’égard de la Société des Nations sembleraient causer auprès du Gouvernement britannique pas mal d’impatience et d’irritation9;
Cependant, alors qu’à chaque nouvelle difficulté grave dans les affaires continentales, le mouvement en faveur de la splendide isolation britannique reprend dans certains milieux, les instances responsables maintiennent leur volonté de collaborer avec le Continent et notamment par l’appareil de la Société des Nations, qu’ils estiment après comme avant être le mécanisme le meilleur et le plus apte à mener à des résultats;
En ce qui concerne les intentions du Gouvernement italien, les opinions diffèrent. D’aucuns disent qu’après cette démonstration le Duce ne pourra pas, en cas de nonacceptation par les autres Puissances, revenir en arrière et devra quitter la Société des Nations. D’autres sont persuadés qu’il y a dans cette affaire un grand élément de bluff10 et que l’Italie se gardera bien de vraiment tirer des conséquences et de se mettre mal, à la fois avec la France et la Grande-Bretagne;
On se demande, d’autre part, si l’empressement du Duce à profiter des complications actuelles pour reprendre le geste de directeur de la politique internationale (en élevant la voix sur plate-forme de son traité des grandes Puissances11), n’est pas pousser les choses trop loin et une opération qui plus que probablement aura des conséquences défavorables pour lui-même et pour les autres;
En face de toutes ces considérations, la politique de l’attente tout en restant en contact suivi avec Paris, paraît être la chose naturelle à faire pour le Gouvernement britannique.
- 1
- E 2300 London, Archiv-Nr. 27. Remarque manuscrite de Motta à la fin de ce rapport: Monsieur Paravicini a oublié de signer ce rapport très intéressant et qui est évidemment son œuvre personnelle. Péché véniel.↩
- 2
- Dans la première partie de son rapport, Paravicini expose les thèmes d’un entretien qu’il vient d’avoir avec le Ministre des Affaires étrangères, Sir J. Simon.↩
- 3
- Le 16 novembre précédent, Mussolini avait prononcé un discours très critique à l’égard de la SdN. Cf. nos 358 et 367.↩
- 4
- Le 6 décembre, le Grand Conseil fasciste décide que l’Italie subordonnera sa participation à la SdN à une réforme radicale du fonctionnement et des objectifs de l’institution.↩
- 5
- Ambassadeur de Grande-Bretagne à Rome, ancien secrétaire général de la SdN.↩
- 9
- Remarque de Motta dans la marge: Je n’en suis pas surpris! Sur l’attitude de Motta devant les attaques de l’Allemagne et de l’Italie contre la SdN, cf. aussi les nos341 et 358 + A.↩
- 11
- Cf no 279, n. 5.↩
Tags