dodis.ch/45886

Le Chef du Département politique, G. Motta, au Ministre de Suisse à Rome, G. Wagnière1

Je vous remercie des informations que vous m’avez fournies au sujet de la récente visite des fascistes suisses auprès de M. le Président Mussolini2.

J’ai constaté que la presse italienne a donné à cette visite une importance extraordinaire. Je n’ai pu lire le récit qu’elle en a fait sans être surpris.

Je ne comprends pas comment M. Mussolini se prête à des manifestations aussi ridicules. Je ne sais pas si vous connaissez personnellement M. le colonel Fonjallaz. Le moins que je puisse dire de lui est qu’il s’agit d’un irresponsable. Le groupe dont il est chef est un groupe infime au point de vue du nombre et dénué de toute influence.

Il faudrait trouver un moyen opportun pour faire comprendre à nos amis italiens qu’ils ont tort d’accorder de l’importance aux manifestations comme celle dont il s’agit.

Je vois que cela est assez délicat, car l’opinion d’avoir à l’Etranger des adhérents nombreux flatte la vanité et l’orgueil des chefs fascistes. Je suis persuadé, d’ailleurs, que M. Mussolini en recevant les fascistes suisses a estimé faire un geste amical pour la Suisse. Mais sur ce point il se trompe. Il n’y a pas un suisse sérieux qui ne hoche la tête devant des faits pareils qui lui paraissent appartenir au genre comédie. Nos bonnes relations ne gagneront rien, bien au contraire, à ces manifestations.

Croyez-vous trouver un moyen de faire comprendre?

Lorsque je verrai M. Marchi, le ministre d’Italie, je ne lui cacherai pas mon sentiment. J’espère que, s’il a observé autour de lui, il comprendra et rapportera à Rome en conséquence3.