Classement thématique série 1848–1945:
II. RELATIONS BILATÉRALES
15. Italie
15.6. Questions politiques générales
Également: Le gouvernement suisse autorise à l’escadrille de Balbo le survol du territoire suisse, jusqu’au col du Gothard inclus. Annexe de 26.5.1933
Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 10, Dok. 317
volume linkBern 1982
Mehr… |▼▶Aufbewahrungsort
Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2001C#1000/1533#3260* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 2001(C)1000/1533 137 | |
Dossiertitel | Atlantikflug der ital. Luftflotte 1933 (1933–1933) | |
Aktenzeichen Archiv | C.16.3.1 • Zusatzkomponente: Italien |
dodis.ch/45859
On savait que Rome réserverait à la croisière transatlantique du Général Balbo depuis hier Maréchal de l’Air, au moment où elle viendrait poser ses ailes triomphantes sur les bouches du Tibre, un de ces accueils délirants dont seuls sont encore capables aujourd’hui les héritiers des Césars. Cette attente ne fut pas déçue. Vous dire l’émotion qui m’a étreint lorsque subitement l’escadre compacte apparut au dessus de la foule, qui comptait à haute voix le nombre des avions heureusement tous présents, serait bien difficile.
Mais ce qui m’a frappé davantage encore, ce fut lorsque le Duce, en chemise noire et nu-tête, entouré de ses ministres et des dirigeants du parti fasciste, s’approcha jusqu’à l’ultime bord du fleuve pour recevoir dans ses bras le Général Balbo qui, d’un bond, sauta de son appareil à terre. Les deux hommes s’embrassèrent éperdument en de longues étreintes pendant de longues secondes, en de longs baisers bruyants qu’ils s’appliquaient tour à tour sur les joues, en même temps que les bras se resserraient en de violentes étreintes entrecoupées de tapottements familiers. Le contraste était saisissant entre, d’une part, l’ordonnance rigide qui présidait à l’alignement des tribunes, de la troupe, des divers corps civils et militaires qui formaient, en somme, l’arrière plan, et, d’autre part, la simplicité, le laisser aller, le naturel au gré des fantaisies personnelles et collectives de ce groupe d’hommes en chemises noires et en salopettes, nu-têtes, se revoyant comme des frères consanguins après un grand danger.
J’ai eu le privilège d’assister à la fête aux côtés de M. Mussolini en qualité de représentant d’un des pays qui fut survolé par la croisière2. Je me suis trouvé ainsi admirablement placé en compagnie de quelques hautes personnalités, telles que le président du Sénatla, M. Marconi, Le Gouverneur de Rome, l’Ambassadeur d’Amérique et les Chargés d’Affaires des autres pays survolés, ainsi qu’avec MM. Aloisi et Suvich et les hauts fonctionnaires du Palais Chigi, tous en chemises noires et tête nue, faisant penser à quelque sujet de tableau moyenâgeux, à quelque chose d’austère, d’égalitaire, presque ancillaire.
Le but de la croisière était non seulement de démontrer le potentiel de l’aéronautique italienne d’aujourd’hui, mais Mussolini est en train de continuer à écrire l’histoire romaine à la manière de Tacite, de Cicéron. L’histoire effacera même les noms de Lindberg, de Costes et Bellonte, de Codos et Rossi, qui viennent de faire une performance quatre fois plus grande que la plus belle étape réalisée par la présente croisière du Général Balbo; elle vient d’inscrire dans le marbre le fait qu’une centurie romaine au complet, en formation militaire, a franchi l’Océan par la voie des airs et les aigles romaines sont venues pour la première fois apporter un salut de paix à la grande République.
[...]3
Du point de vue technique, la croisière Balbo est pleine d’enseignements, et de redoutables enseignements. Car si ce dernier a fait faire à ses équipages des arrêts dont la durée a pu impatienter le public avide de nouvelles sensationnelles, c’est uniquement parce que Balbo a voulu ménager à tout prix la vie des hommes et ne pas risquer inutilement une catastrophe. Le souvenir du malheureux Nobile est encore trop vivace dans sa mémoire pour qu’il n’en eût fait son profit. Mais il ne faut pas se dissimuler que les diverses étapes de cet exploit collectif, si précis et si méthodique, auraient pu être accomplies à n’importe quel jour et quelle heure en cas de guerre où la vie des hommes ne compte plus lorsqu’il s’agit d’exécuter une mission importante. Que l’imagination remplace par des explosifs le surplus de charge utile que peut porter un de ces appareils au cours d’une étape qui, en temps de guerre, serait beaucoup plus petite que celles qui viennent d’être réalisées, et l’on se rend compte de la redoutable capacité meurtrière que possède une telle escadre.
Par ce même courrier, j’envoie quelques informations d’ordre technique au Service de l’Etat-Major général, ainsi qu’à l’Office aérien du Département fédéral des chemins de fer, en attendant qu’ils reçoivent les rapports officiels qui seront rédigés incessamment par les autorités compétentes.
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