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Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 10, doc. 123
volume linkBern 1982
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#E2001C#1000/1533#5224* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR E 2001(C)1000/1534 103 | |
Titolo dossier | Irridentistenblatt "Adula" (Akten s. B.46.I.19.4 von 1935-1936) (1927–1936) | |
Riferimento archivio | B.46.19.4 • Componente aggiuntiva: Italien |
dodis.ch/45665
Nous avons l’honneur de vous confirmer notre lettre du 13 de ce mois2 sur la continuelle reprise d’une prétendue question tessinoise dans les journaux italiens. Plusieurs faits nouveaux ont surgi depuis lors, qui, bien que nous nous abstenions de toute exagération, inutile et nuisible dans les circonstances, doivent néanmoins retenir notre sérieuse attention.
Tout d’abord, la publication d’un appel de prétendus «Giovani Ticinesi» - dont la nationalité tessinoise est d’ailleurs sérieusement mise en doute - dans des journaux aussi répandus que la «Tribuna» et d’autres organes de presse, a provoqué dans notre opinion publique une réaction vive, mais des plus compréhensibles. Vous aurez pu vous en rendre compte en parcourant, en particulier, les journaux tessinois qui parviennent à votre Légation.
De plus, nous apprenons la nouvelle de la préparation d’une nouvelle édition de 1’«Almanacco»3 de la trop fameuse «Adula». Vous vous souvenez que c’est en Italie, sauf erreur à Varese ou à Bologne, que la première édition de cet élaborat [sic!]a été imprimée.
Nous ne nous dissimulons pas que c’est toujours le même petit groupe autour d’EmilioColombi4, dont l’activité frise de plus en plus la haute trahison, qui nous cause ces perpétuels ennuis. Nous reconnaissons, d’autre part, volontiers que, l’an dernier, le Gouvernement italien a pris des mesures pour empêcher la diffusion de l’«Almanacco» dans le Royaume. En revanche, nous sommes fondés à nous plaindre de la condescendance dont certains milieux italiens qui, directement ou indirectement, se rattachent au régime en Italie font preuve à l’égard des agissements de Colombi. Dans notre précédente lettre déjà, nous avions dû marquer notre surprise du fait que des journaux inféodés au régime et qui passent souvent pour officieux ouvrent leurs colonnes à des articles de prétendus irrédentistes suisses. Ce que nous disions alors vaut à plus forte raison aujourd’hui, où nous voyons publier dans le journal romain ayant peut-être la plus large diffusion5 l’appel des «Jeunes Tessinois», dont il serait sans doute difficile de spécifier le nombre et les qualités.
Enfin, nous ne saurions que déplorer les encouragements, que nous ne pouvons que considérer comme peu amicaux, qui ne cessent d’être donnés en Italie, sous prétexte de propagande de r«italianité», à des éléments dont toute l’action est hautement désapprouvée par la presque totalité de leurs concitoyens de langue italienne. Rappelons, à ce propos, certaines tendances qui se sont manifestées, sous le couvert d’études scientifiques, dans l’«Archivio storico della Svizzera italiana»6. Rappelons, en outre, les articles d’un Garobbio, publiés grâce à l’indulgence, pour n’en pas dire d’avantage, du Professeur Solmi dans la revue «Raetia»7, périodique à tout le moins superflu. Ces jours-ci encore, le 18 novembre, le «Popolo e Libertà» reproduit un entrefilet du «Corriere délia Sera» du 16 de ce mois à teneur duquel l’«Institut fasciste de culture» aurait ouvert ses cours à Bolzano par une conférence d’EmilioColombi sur le thème: «Italia e Svizzera di fronte al problema nazionale del Canton Ticino». Nous ne voulons pas nous arrêter au fait que, par une ironie aussi étrange que sans doute involontaire, Colombi ait choisi la ville de Bolzano pour s’étendre sur le problème national dans le Canton du Tessin. Mais, ce dont nous sommes en droit de nous étonner, c’est qu’une institution qui, certainement, ne vit que des subsides directs ou indirects du régime fasse appel à un personnage moralement répudié par une nation amie pour son activité antipatriotique.
Considérant toutes ces manifestations dans leur ensemble, nous croyons le moment venu de vous prier de vouloir bien entretenir soit le Ministre des Affaires étrangères d’Italie à son retour de Washington, soit, le cas échéant, le Sous-Secrétaire d’Etat8, de la situation, en faisant un appel amical au Gouvernement italien pour qu’il contribue à mettre un terme aux agissements regrettables dont il s’agit. Le Gouvernement royal s’est sans doute persuadé, au cours des dernières années, de notre volonté bien arrêtée de ne pas grossir les incidents et de ne jamais laisser dévier une discussion sur des faits du jour dans un sens préjudiciable aux véritables intérêts des deux pays. Nous voulons espérer que, se conformant aux assurances maintes fois données et plusieurs fois confirmées par des actes, il ne souffrira plus des encouragements directs ou tacites, donnés par des journaux ou des groupements dépendant du régime, à l’activité pernicieuse de quelques renégats. Nous apprendrions, en particulier, avec une vive satisfaction toute mesure que pourra prendre le Gouvernement italien pour arrêter la publication de la nouvelle édition projetée de l’«Almanacco». De même, nous voulons espérer qu’un mot d’ordre pourra être donné aux principaux journaux romains à l’effet de leur enjoindre une plus grande prudence dans l’accueil qu’ils réservent aux articles des Colombi et nous souhaitons, enfin, que des indications analogues parviennent notamment aux organisations telles que l’«Istituto fascista di coltura», qui n’ont rien à gagner à s’étendre sur de prétendues questions internationales n’existant pas en réalité, selon la ferme volonté du Gouvernement italien, que nous ne voulons pas mettre en doute.
P.S.9: Nous aimerions que votre démarche soit faite, si possible, directement auprès de M. Grandi.
- 1
- Lettre (Copie): E 2001 (C) 4/103. Paraphe: ZP.↩
- 2
- Non reproduit.↩
- 3
- Cf. no 55.↩
- 4
- Journaliste tessinois, rédacteur à «l’Adula», correspondant de plusieurs journaux suisses et italiens. Sur E. Colombi, l’«Adula» et le problème de l’irrédentisme au Tessin, cf. aussi E2001 (C) 4/101 et 102.↩
- 5
- La «Tribuna».↩
- 6
- Cf. DD S vol. 9, nos 116 et 125.↩
- 7
- A. Garobbio, jeune tessinois établi à Milan, avait déjà collaboré à l’«Almanacco della Svizzera italiana» (cf. no 55). Cf. E 2001 (C) 4/101.La revue «Raetia», dirigée par A. Solmi, professeur à l’Université de Pavie, paraissait à Milan depuis janvier 1931. Dans une lettre confidentielle à Wagniére du 3 mars 1931, Motta écrivait: [...] Nous estimons avec vous qu’il convient de suivre de très près l’activité de ce groupe d’intellectuels italiens qui, après avoir lancé «l’Archivio Storico della Svizzera Italiana», se proposent maintenant d’intéresser l’opinion publique au prétendu caractère italien, non seulement des vallées de langue italienne du Canton des Grisons, mais aussi des parties ladines et suisse-allemandes de ce Canton. [...] ( E 2001 (C)4/101.↩
- 9
- S. De la main de Mot ta.↩
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Irredentismo nel Ticino (1876–1942)