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En rentrant de Danzig il y a quelques jours, j’avais traversé la Prusse Orientale pour avoir une impression sur cette province vers laquelle l’impérialisme polonais regarde toujours avec convoitise. C’est un pays hautement cultivé, tout à fait allemand. Les villes, villages et fermes, propres et fleuries, sont habitées par une population aimable; l’agriculture y est très développée. Dans la partie plébiscitaire, réclamée à Versailles par la Pologne, mais qui refusa si énergiquement d’être arrachée à la Prusse, les 50000 «Mazoures» sont germanisés depuis des siècles, ce qui ne les empêche pas de parler en famille leur dialecte slave. Mais, on rencontre à côté de beaux villages et de belles fermes allemandes des petites fermes et masures, sans fleurs, mal tenues et généralement un peu à l’écart où grouillent des enfants crasseux et où l’herbe ne pousse pas à 50 m à l’entour; leurs habitants parlent le polonais. Même aspect dans l’extrémité orientale de la Poméranie qu’on traverse par Soldau (débaptisé Dzialdowo). C’est encore une coquette ville allemande avec population polonaise. Mais, dès qu’on pénètre dans l’ancienne Pologne russe c’est un autre monde; la première agglomération Mlawa est sale, la pierre et la brique deviennent plus rares et cèdent la place aux misérables masures en bois. Les rues sont pleines de Juifs. Les routes deviennent mauvaises.
Le récent grave incident de frontière au cours duquel deux sous-officiers des gardes-frontière polonais furent surpris armés sur territoire allemand dans une maisonnette de contrôle de passeports allemand, cause ici un embarras croissant; d’abord parce qu’un des Polonais fut tué au cours de la fusillade et l’autre emmené prisonnier par les Allemands. On plaide ici la thèse d’un guet-apens allemand, mais il s’agit d’une vulgaire affaire d’espionnage polonaise. Même dans les milieux diplomatiques alliés on trouve que les Polonais se sont gravement compromis dans cette affaire. La question de savoir si oui ou non les Allemands ont posé un guet-apens ne change rien à ce fait.
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