dodis.ch/45525 Der schweizerische Geschäftsträger in London, T. von Sonnenberg, an den Vorsteher des Politischen Departementes, G. Motta1
Confidentielle Londres, 13 septembre 1929
J’ai eu l’honneur de recevoir, ce matin, votre obligeante communication du 10 septembre2 concernant le traité de conciliation et d’arbitrage entre la Suisse et la Grande-Bretagne et j’ai pris connaissance, avec une attention particulière, de ce que vous voulez bien me dire à ce propos.
Je relève notamment que vous avez déjà eu l’occasion, comme je l’avais d’ailleurs supposé, de prendre contact avec Mr. Henderson et, en abordant la question qui nous intéresse, de vous rendre compte que le moment pouvait être favorable pour entamer, ou tout au moins pour préparer, des négociations.
En ce qui concerne la situation à Londres, je tiens à vous faire savoir, sans retard, que je me suis entretenu de l’affaire avec M. Mounsey, Sous-Secrétaire d’Etat au Foreign Office qui fut, en son temps, mon collègue à Rome et je lui ai aussi écrit brièvement pour lui faire connaître notre désir de conclure, si possible dans un proche avenir, un traité de conciliation et d’arbitrage avec la Grande-Bretagne. J’ai, naturellement, fait valoir la portée morale du traité entre les deux pays, en soulignant la situation politique exceptionnelle de la Suisse qui permettrait à la Grande-Bretagne de s’entendre avec nous sans porter préjudice à la fort importante question de principe, qui ne m’échappe pas et dont elle doit évidemment tenir soigneusement compte.
Je perçois parfaitement la difficulté qu’il y a de traiter la question à Genève, durant la présente Assemblée, avec les hommes d’Etat britanniques qui sont, eux aussi, surchargés d’occupations. D’autre part, je saisis et je partage entièrement votre idée qu’il faut éviter de discuter et de conclure un traité sous le signe de la précipitation et de l’improvisation. Cela ne pourrait, d’ailleurs, s’appliquer qu’à la Grande-Bretagne, car de notre côté, la question de principe est nettement tranchée et nous possédons heureusement plusieurs modèles à la tête desquels nous plaçons notre traité avec l’Italie que le Gouvernement britannique connaît parfaitement.
Mr. Mounsey, que je citais plus haut, m’écrit donc ce matin pour me dire que le Gouvernement de Sa Majesté apprécie hautement la suggestion que je lui ai faite et qu’il voit avec sympathie le désir que nous exprimons. Il constate que nous donnerions une plus grande impulsion aux propositions d’arbitrage qui sont actuellement examinées à Genève et qu’en plus les deux Gouvernements feraient nouvellement preuve devant le monde des relations amicales qui existent, depuis si longtemps, entre les deux pays.
Ces constatations sont très courtoises.
Mr. Mounsey ajoute, toutefois, qu’au moment actuel, il ne lui serait pas possible de nous donner une assurance et une réponse définitive, car il faudrait attendre pour cela qu’une décision fût prise par la Grande-Bretagne en ce qui concerne la question de l’arbitrage en général3.
Enfin, on m’informe que le point de vue britannique, qui précède et qui reflète, sans doute, la manière de voir de Mr. MacDonald, se trouvant à l’heure actuelle à Londres, a été porté à la connaissance de Mr. Henderson à Genève.
Dans ces circonstances, j’estime donc que le Gouvernement britannique a pris note avec sympathie de notre vif désir et que vos conversations avec le Chef du Foreign Office vous permettront de préparer avantageusement le terrain en vue de la conclusion du traité avec la Bretagne au moment que vous jugerez vousmême le plus opportun à cet effet.