dodis.ch/45134
Der Vorsteher des Politischen Departementes,
G. Motta, an den schweizerischen Gesandten in
Paris,
A. Dunant1
Confidentielle
Berne, 17 novembre 1925
En nous référant à votre lettre du 12 novembre2, dont nous avons pris connaissance avec intérêt, nous avons l’honneur de vous exposer, à titre confidentiel, qu’au cours de ces derniers mois, nous avons été informés à diverses reprises que soit M. Rakowsky soit M. Tchitchérine lui-même auraient envisagé d’entrer en rapport avec M. Rüfenacht pour renouer peut-être, par son entremise, des relations entre la Suisse et la Russie. Si les possibilités d’entretiens dont il a été question ne se sont jamais réalisées jusqu’ici, elles ont fourni au Conseil Fédéral l’occasion de décider qu’il ne se refuserait pas à recevoir les communications que le Gouvernement des Soviets désirerait lui faire parvenir, mais qu’une conversation diplomatique ne pourrait être utilement engagée que si la Russie renonçait, préalablement et sans conditions, au boycott injuste qu’elle continue à observer à l’égard de la Suisse et s’il était bien entendu qu’il ne serait plus question de l’affaire Worowsky.
Au cas où M. Rakowsky chercherait à entrer en rapport avec vous, vous voudrez bien vous conformer à la ligne de conduite adoptée par le Conseil Fédéral. Vous vous abstiendrez, en conséquence, de toute initiative tendant à provoquer une rencontre avec l’Ambassadeur des Soviets, mais vous ne vous refuserez pas à écouter et à nous transmettre les ouvertures qu’il pourrait vous faire directement ou par un intermédiaire. Au cas où les circonstances vous amèneraient à avoir une entrevue avec un représentant du Gouvernement russe sans que nous ayons pu vous donner des instructions plus détaillées, nous ne saurions trop vous recommander la plus grande circonspection.
Quant à M. Frick, nous ne possédons pas de renseignements précis sur les affaires dans lesquelles il paraît être engagé concurrement avec le groupe Stinnes et le Gouvernement russe, mais nous avons l’impression qu’il convient de ne traiter avec lui qu’avec autant de prudence que de réserve.