Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 9, doc. 106
volume linkBern 1980
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001D#1000/1553#6151* | |
Old classification | CH-BAR E 2001(D)1000/1553 298 | |
Dossier title | Archivio Storico della Svizzera italiana, Milano (1925–1945) | |
File reference archive | B.46.I.11.3 |
dodis.ch/45123Der Vorsteher des Politischen Departementes, G. Motta, an den schweizerischen Gesandten in Rom, G. Wagnière1
Je vous remercie d’abord de toutes les communications que vous avez bien voulu me faire au sujet de l’intervention de M. le Président Mussolini à la Conférence de Locarno.
Le but de ces lignes est de vous entretenir d’une question qui me préoccupe beaucoup. Il s’agit de la nouvelle société née à Milan sous le nom de «Società Palatina».
Vous avez probablement reçu le prospectus de la Société dont il s’agit. J’en ai reçu moi-même un exemplaire vers le 10 de ce mois.
Il s’agit, selon toute évidence, d’une nouvelle tentative des gens qui sont autour de l’«Adula» et qui ont publié l’année passée, la détestable brochure sur la «Question tessinoise»2.
Je ne vous donne pas les détails parce que je les suppose connus par vous.
J’attire votre attention sur l’article qu’a publié sous le titre «Dopo i Giovani ticinesi, ecco la Palatina! » le Popolo & Lïbertà du 16 de ce mois.
La gravité de la situation est mise en lumière par les faits suivants:
a. Il est déjà très singulier qu’on veuille publier à Milan un «Archivio storico della Svizzera italiana». Même si les intentions des promoteurs étaient saines, elles seraient contraires au tact le plus élémentaire.
b. La «Société Palatina» juge de son devoir de faire de la propagande pour défendre la langue italienne dans la Suisse italienne qui est encore (!) assujettie (!) à un Gouvernement étranger!
c. Le Président de la «Società Palatina» est M. Parini, le mari de la dame Rosetta née Colombi bien connue!
d. Ce M. Parini est rédacteur au «Popolo d’Italia», l’organe officieux de M. le Président Mussolini!
e. Parmi les membres de la «Società Palatina» et de son comité directeur figurent M. Enrico Talamona, fonctionnaire postal bien connu, qui aura à rendre des comptes au Conseil fédéral, et M. Luigi Venturini qui a dévoilé récemment ses visées sur la revue «La Fiaccola».
f. Le rédacteur de 1’«Archivio» serait M. le professeur Arrigo Solmi, député à la Chambre italienne, recteur - si je ne me trompe - de l’Université de Pavia!
Il me semble que tous ces faits démontrent, dans leur nudité, que nous avons devant nous une menée irrédentiste des plus caractérisées. Toute tentative d’expliquer autrement la fondation et les buts de la «Palatina» serait une tromperie!
J’ai entretenu de la question, hier matin, M. le ministre Garbasso. Celui-ci s’est montré très préoccupé et m’a promis d’informer immédiatement son Gouvernement de l’effet extrêmement fâcheux que le nouvel incident a déjà produit et va produire.
Je vous prie, Monsieur le Ministre, de demander une audience, si possible, à M. le Président Mussolini lui-même et de lui expliquer franchement que cette nouvelle tentative, qui enfreint sans doute sa volonté et ses directives, compromet gravement l’œuvre d’amitié et de confiance que nous avons si heureusement établie.
Je suis persuadé que M. Mussolini ne sera pas insensible à votre démarche3.
S’il devait se retrancher derrière des arguments de pure forme (incompétence du Gouvernement, liberté de la presse, etc., etc.), cela en dirait long sur les visées lointaines et effectives du Fascisme italien et de son chef! Mais je repousse cette pensée!
Puisque l’occasion s’en présente, je me demande si vous ne deviez lui parler de l’impression toujours très fâcheuse que produit le fait que «L’Adula», journal irrédentiste, distribué gratuitement à très larges mains dans le Tessin, continue à être patronné par un Comité d’italiens illustres parmi lesquels figure même M. Gentile, ancien ministre de l’Instruction Publique.
Si M. le Président Mussolini objectait que lui-même et son régime sont parfois très vivement attaqués en Suisse, vous saurez lui répondre. Personne en Suisse n’a jamais dit un mot contre l’intégrité de l’Italie. En outre, la presse en Suisse est libre. Le Conseil fédéral n’a pas de moyens de contrainte. Malgré cela, je suis toujours intervenu lorsque j’ai pensé pouvoir le faire sans dommage. Encore récemment je suis intervenu pour mettre une fin aux excès de «Libéra Stampa». Je crois donc que la bonne volonté du Conseil fédéral et la mienne ne comportent pas de doutes.
La mission que je vous donne est pénible et délicate, je le sais. Il est douloureux d’être toujours obligé de revenir sur des faits de la même nature. Mais j’ai pleine confiance en vous. Il faut que M. Mussolinisache que nous ne sommes pas dupes. Je vous autorise à lui parler comme ayant été chargé par moi directement4.
- 1
- Schreiben (Kopie): E 2001 (D) 3/298.↩
- 2
- Diese in Fiume gedruckte Broschüre wurde gemäss Bundesbeschluss vom 31.3.1924 wegen ihres irredentistischen Inhalts eingezogen (E 1004 1/290, Nr. 731).↩
- 3
- Am 23.10.1925 teilte Wagnière dem Vorsteher des Politischen Departementes mit: [...] Je crois que nous pouvons compter sur son / MussoliniI action et sur sa bonne volonté. Mais des forces contraires travaillent dans l’ombre;[...] Cjontarinil m’a dit souvent combien il avait a lutter contre ceux qui nous en veulent.!... / (E 2001 (D) 3/298).↩
- 4
- Die Unterredung fand am 9.11.1925 statt. Vgl. Nr. 116.↩
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Irredentism in Ticino (1876–1942)