En date du 4 février, vous avez bien voulu nous écrire qu’aussi longtemps que le nouveau Gouvernement chilien ne vous aurait pas notifié son avènement, vous vous proposiez d’adresser au dernier Ministre des Affaires étrangères qui vous avait fait connaître officiellement son entrée en fonctions les notes dont l’expédition des affaires courantes nécessiterait l’envoi2.
Il vous est certainement difficile de correspondre dans la forme personnelle avec un Gouvernement nouveau qui ne vous a pas notifié officiellement son avènement au pouvoir et nous supposons que le parti que vous avez pris ne diffère pas de celui de vos collègues d’autres pays représentés à Santiago.
A toutes fins utiles, nous vous signalons que M. Valdès Mendeville, de retour à Berne, nous a remis hier des lettres l’accréditant en qualité de Chargé d’Affaires intérimaire du Chili en Suisse. Ces lettres sont signées de M. Jorge Matte, le nouveau Ministre des Affaires étrangères. Nous n’avons pas cru devoir faire de réserves à ce sujet vis-à-vis de M. Valdès; mais nous n’estimons pas que, de ce fait, la situation soit, à l’égard de la Suisse, à ce point préjugée que vous deviez, dans vos rapports avec Santiago, vous écarter sensiblement de la ligne de conduite de la majorité du corps diplomatique, qu’elle soit ou non, cette ligne de conduite, fixée dans le sens d’une reconnaissance plus ou moins marquée du nouveau Gouvernement.
Les journaux annoncent l’arrivée de l’ex-Président Alessandri dans son pays. Les conséquences de ce retour sont, nous le savons, difficiles à prévoir. Si, au reçu de la présente lettre, la situation devait vous paraître toujours aussi incertaine, vous jugerez sans doute opportun, en attendant qu’elle s’éclaircisse et que la majorité de vos collègues ait pris une attitude commune plus précise, d’adopter pour vos communications à Santiago la forme impersonnelle (notes verbales), la mieux adaptée, pensons-nous, aux circonstances politiques actuelles du Chili3
. D’une manière générale, nous croyons ne pouvoir mieux faire que de vous recommander de garder le contact avec vos collègues et de conformer constamment votre attitude à celle du plus grand nombre, car l’importance de nos relations avec ce lointain pays n’est point telle qu’il vaille la peine de nous y singulariser.