dodis.ch/44951 Le Ministre de Suisse à Rome, G. Wagnière, au Chef du Département politique, G. Motta1
J’ai honneur d’accuser réception de votre lettre du 19 décembre 19232, B. 56/ 41/5/1.-FY., concernant la nationalité du personnel de la Société des Nations.
J’ai pris note avec le plus grand intérêt de ces communications dont je vous remercie vivement et je ne manquerai pas, suivant le désir que vous m’exprimez, de porter ces renseignements à la connaissance du Ministère des Affaires étrangères.
J’ai eu l’occasion aujourd’hui même d’en parler avec un des principaux fonctionnaires italiens du Bureau international du Travail, M. Aillaud. Vous savez en effet que M. Mussolini a informé l’Administration de la S.d.N. de son désir de voir un beaucoup plus grand nombre d’italiens dans le personnel administratif de la Ligue. Il menace même de rappeler les délégués de l’Italie à Genève si on ne lui donne pas satisfaction.
C’est une des raisons pour lesquelles Sir Eric Drummond est venu conférer à Rome avec le Président du Conseil en octobre dernier. Maintenant c’est M. Albert Thomas qui annonce sa venue et qui a chargé M. Aillaud de préparer une entrevue avec M. Mussolini. Ce renseignement m’a été donné à titre confidentiel.
Il est certain que, comparativement à la France et à l’Angleterre, l’Italie ne possède pas dans l’Administration de la S.d.N. la place qui lui revient. M. Thomas est tout disposé à donner satisfaction en une certaine mesure au Gouvernement italien. Mais comme vous le marquez vous-même dans votre lettre, l’essentiel est de trouver des fonctionnaires ayant les qualités requises et les connaissances voulues. Il est tout de même intéressant de suivre les compétitions des Puissances sur ce terrain et d’attendre les résultats qui pourront naître d’une entrevue entre deux personnages aussi marquants, aussi énergiques et aussi différents que M. Mussolini et M. Thomas.