Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 8, Dok. 246
volume linkBern 1988
Mehr… |▼▶Aufbewahrungsort
Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2001B#1000/1504#484* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 2001(B)1000/1504 17 | |
Dossiertitel | Zwischenfall in Domodossola, Schweizerische Schule in Domodossola (1923–1923) | |
Aktenzeichen Archiv | B.46 • Zusatzkomponente: Italien |
dodis.ch/44888
J’ai eu l’honneur de recevoir votre lettre du 26 décembre concernant l’affaire de l’Ambrosiano.2
Depuis lors notre Consul de Livourne m’a signalé une assemblée des Tessinois de cette ville qui, à l’exemple de leurs concitoyens de Milan, ont voté un ordre du jour tout aussi énergique et dont je vous remets copie ci-inclus.3
Sur l’origine des articles de l’Ambrosiano, je pense que vous êtes suffisamment renseigné. On retrouve dans la lettre des «Giovani Ticinesi» le style et certaines locutions habituelles à Rosetta Parmi.4 Son mari était autrefois rédacteur à la Perseveranza qui a cessé de paraître. Le ménage Parini, à ce qu’on me dit, se trouverait dans une situation assez gênée. Quant à Carmine, nos journaux lui font trop d’honneur en le nommant continuellement. Ce jeune homme goûte fort tout ce bruit autour de sa personne. Ses millions lui donnent une grande assurance. Cependant il se défend d’avoir collaboré à cette dernière manifestation. Je sais, par contre, que durant son séjour à Rome, il a fait de nombreuses visites aux rédactions de certains journaux en cherchant à provoquer une campagne contre la Suisse. Il a été reçu à Milan par Mussolini tout récemment.
Je dois du reste noter que, dans ces derniers temps, à l’exception d’un article dans l'Idea Nazionale et dans quelques obscures feuilles de province, nous n’avons rien relevé sur ce sujet irritant. Le Popolo d’Italiaa mis une sourdine à ses constantes attaques à l’adresse de la Suisse; on y trouvait encore le mois dernier de petites notes aigres sous forme de lettres de Locarno. Par exemple une correspondance à ce journal tirait argument des manifestes électoraux en allemand pour démontrer les progrès de la germanisation au Tessin; on oubliait de dire que dans tout le reste de la Suisse on affiche à la même occasion des manifestes en italien. Ces petits coups d’épingle constants peuvent entretenir une certaine hostilité à notre égard dans la jeunesse fasciste et provoquer même quelque incident.
A ce propos, je suis toujours fâcheusement impressionné du ton acrimonieux des journaux italiens paraissant en Suisse5: jamais un mot de respect ou d’amitié pour le pays qui procure du travail à tant de milliers d’italiens, et qui s’impose des sacrifices, dont personne ne lui est reconnaissant, pour les Italiens dans le dénuement. Il semble que dans ces milieux on se plaise à nous faire peur en élevant la voix; il ne s’agit plus de faire aimer l’Italie, il faut la faire craindre. C’est une tendance nouvelle qui s’affirme dans les discours et les écrits de la jeune école.
Un autre fait plus important consiste à prendre la défense des Suisses de langue italienne contre les autres Confédérés. J’ai reçu à ce propos une lettre de Clemente Maraini, de Lugano, ancien député italien, qui réclame l’abolition du visa des passeports pour le bien de l’hôtellerie tessinoise.6 Dans la commission parlementaire pour les relations ferroviaires italo-suisses, présidée par Falcioni, il a été question, je le sais, des tarifs du Gothard et des intérêts tessinois: il serait de toute importance que les justes satisfactions accordées au Tessin n’eussent pas l’apparence de concessions faites à la requête du Gouvernement italien. Ce point me paraît capital, et je souhaite que la Confédération sache faire à temps les sacrifices nécessaires afin d’éviter l’apparence d’agir sous une pression de l’étranger.
Il faut déplorer aussi qu’un journal comme le Démocrate ait cru devoir publier à l’occasion de la campagne de l’Ambrosiano un article odieux, signé E.C.7, contenant de graves attaques contre le haut commandement de notre armée. Cet article a été naturellement reproduit par des journaux italiens.
En résumé, nous devons prêter foi aux déclarations répétées et si amicales de Mussolini. Il a trop de sens politique pour vouloir se mettre mal avec la Suisse; il attache aussi trop d’importance à nos relations commerciales, à Immigration italienne en Suisse et à notre trafic avec le port de Gênes pour encourager des actes de nature à créer en Suisse des courants hostiles. Mais on ne doit pas pour cela méconnaître les dangers du fascisme; il contient des éléments redoutables, fanatiques et aveugles. Il possède de solides organisations dans les moindres bourgades du Royaume; il est grisé par ses succès et encore altéré d’aventures. Cela requiert de notre part une constante vigilance.8
Quant aux déplorables incidents de Domodossola9 signalés par un journal socialiste tessinois, j’en ai eu connaissance par les journaux suisses le 2 janvier. J’ai immédiatement demandé un rapport circonstancié que je n’ai pas encore reçu.
P.S. Le Roi m’a reçu le 2 janvier comme d’habitude. Il m’a parlé de la Conférence de Lausanne et de la question des capitulations dont il connaît tout l’historique. Le Souverain, très aimable comme toujours, m’a paru vieilli et fatigué. Je remets cette lettre à mon fils qui rentre en Suisse.
- 1
- Lettre: E 2001 (B) 4/17.↩
- 2
- Le journal milanais «l’Ambrosiano» avait commencé une campagne de presse contre la Suisse et avait proclamé dans un article rédigé parV Associazione dei Giovani Ticinesi la nécessité de la frontière au Gothard, cf. E 2001 (B) 4/17.↩
- 3
- Lettre du 30 décembre 1922, non reproduite cf. E 2200 Rome 13/1.↩
- 5
- Notes en marge de G. Molta: Cette appréciation me paraît exagérée.↩
- 9
- Lors de la fête de Noël de la Colonie suisse à Domodossola, des incidents éclatèrent entre fascistes et Suisses, cf. E 2001 (B) 4/17.↩
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Italien (Andere)
Zwischenfälle und Polemiken der Presse im Tessin (1921–1924)