dodis.ch/44347

Le Ministre de Suisse à Vienne, Ch.D. B our cart, au Chef du Département politique, F. Calonder1

En me référant à mes rapports2 relatifs à la reconnaissance de la République autrichienne j’ai l’honneur de vous faire parvenir sous ce pli copie d’une note3 du Département des Affaires étrangères de cet Etat, datée du 31 octobre, qui, en termes polis mais très précis, sollicite la reconnaissance par la Suisse après que le Traité de Paix a été signé et ratifié par l’Autriche.

Je n’ai pas eu le temps, avant le départ du courrier de ce jour, de m’informer auprès de mes collègues des pays neutres pour savoir s’ils ont reçu une communication analogue, mais il me semble que nous ne pouvons guère tarder davantage sans que notre attitude prenne une apparence peu amicale. La ratification du Traité de St-Germain par trois grandes Puissances de l’Entente et sa mise en vigueur formelle peuvent tarder encore jusqu’au printemps prochain et je me demande si nous pouvons attendre quelqu’avantage réel de pareil retard. Le précédent de notre reconnaissance de la République allemande avant la ratification du Traité de Paix peut être invoqué contre nous.

Je ne vous dissimulerai pas que, étant donné la nervosité du Chancelier d’Etat Renner au sujet du Vorarlberg, j’appréhende de ce côté une prise en mauvaise part d’une réponse dilatoire ou de l’absence de réponse; la position de la Légation et nos relations avec ce pays pourraient en souffrir. Je me demande comment sera reçue par exemple, la notification de la prise sous notre protection des intérêts turcs.

Je me réserve de vous télégraphier mes renseignements au sujet de l’attitude des autres pays neutres; la République argentine va reconnaître la République d’Autriche, c’est tout ce que je sais pour le moment.