dodis.ch/44273

Le Chef du Département de l’Economie publique, E. Schulthess, au Ministre de Suisse à Paris, A. Dunant1

En date du 12 de ce mois2, le Gouvernement britannique a adressé au Conseil fédéral la note ci-incluse en copie3, dont il résulte que la Suisse, comme l’un des huit principaux Etats industriels, doit obtenir un siège permanent dans la Direction du Bureau International du Travail. Vu les efforts réalisés par la Suisse et la peine très spéciale qu’elle s’est donnée à l’effet d’encourager l’élaboration de conventions internationales en ce domaine et leur mise en pratique, nous saluons naturellement avec un très vif plaisir le fait que la Suisse sera appelée à une collaboration constante au sein du Bureau précité.

Nous n’ignorons pas, cependant, que des tentatives sont actuellement en cours pour en arriver à éliminer la Suisse et à lui substituer un autre Etat. Le Canada, la Tchécoslovaquie et la Pologne ont été mentionnés comme tels. L’ordre des pays, ainsi qu’il figure dans la note, nous offre, d’autre part, l’avantage, qu’en cas d’admission de l’Allemagne, c’est à l’Espagne et non à la Suisse qu’il appartiendrait de céder le pas. Il n’est pas inadmissible, par contre, que l’Espagne cherchera à se défendre.

Nous vous prions de vouloir bien à l’occasion vous faire envers le Gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité l’interprète de la satisfaction qu’éprouve la Suisse à obtenir un siège permanent dans la Direction du Bureau International du Travail et lui exprimer, avec nos remerciements, l’espoir que si une contestation devait surgir le comité d’organisation, au sein duquel nous avons été représentés par M. le Professeur Rappard, sanctionnerait définitivement la solution arrêtée.

Peut-être aussi vous sera-t-il possible d’entretenir de l’affaire l’une ou l’autre des personnalités politiques, qui, dans le pays auprès duquel vous êtes accrédité, s’occupe spécialement de la question.4