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Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 7-I, doc. 357
volume linkBern 1979
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#E7350#1000/1104#9* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR E 7350(-)1000/1104 15 | |
Titolo dossier | Rumänien (1914–1918) | |
Riferimento archivio | 1 |
dodis.ch/44102 Le Ministre de Suisse à Bucarest, G. Boissier, au Chef du Département de l’Economie publique, E. Schulthess 1
A toutes fins utiles j’ai l’honneur de vous faire savoir que le Chef de l’ancienne maison suisse Hans Herzog & Cie.: M. Alfred Herzog (ne pas le confondre avec son frère M. Hans Herzog, qui ne fait pas partie de ladite maison mais qui fait des affaires personnelles pour son compte et qui est à la tête d’un comptoir «suisseroumain» récemment créé à Zurich et à Bucarest) a obtenu de la Direction Générale des Postes de Roumanie une importante commande d’appareils téléphoniques à livrer par la Maison Hasler de Berne. - Une seconde commande plus importante encore est sur le point de se conclure d’ici à quelques jours, également pour des appareils téléphoniques, et M. Herzog est aussi en pourparlers avec la société des câbles de Cossonay pour lui faire obtenir, toujours pour la Direction des Postes, une importante livraison de câbles, de fils de bronze et autres articles de ce genre.
J’ai cru utile de vous signaler ce marché qui est d’un heureux augure pour la reprise de nos relations commerciales avec la Roumanie; celles-ci ne pourraient que gagner à ce que les diverses administrations d’Etat s’adressent à notre industrie et je crois savoir que d’autres Ministères sont en pourparlers pour d’autres fournitures importantes.
Un de nos compatriotes a eu aujourd’hui un entretien avec M. Vintila Bratiano, ancien Ministre de la Guerre et frère du Président du Conseil, qui passe, sinon pour xénophobe, tout au moins pour très nationaliste et n’admet le concours des capitaux ou du commerce étranger dans son pays, que lorsqu’il ne peut absolument pas s’en passer. Il a avoué à notre compatriote que son pays avait besoin de beaucoup de choses, que c’était le moment ou jamais pour la Suisse de se créer une bonne clientèle en Roumanie, mais que la question du change était un gros obstacle si la Suisse n’accordait pas certaines facilités. Il lui a parlé de la question de l’exportation du pétrole qui, évidemment, si elle aboutissait, serait le moyen rationnel et non factice de rétablir le cours du change et ouvrirait des crédits à la Roumanie en Suisse pour y acquitter le prix des marchandises qu’elle nous achèterait. M. Bratiano proposait d’autre part, dans le cas où ces crédits ne suffiraient pas, ou si nous ne pouvions nous entendre pour une livraison de pétrole que, sur une garantie donnée par la Banque Nationale de Roumanie que telle somme est déposée chez elle par M. X. pour telle quantité de marchandises achetées en Suisse et qu’elle se porte garant de la solvabilité du dit M. X., la Banque Nationale Suisse soit autorisée à faire des avances en Suisse pour le paiement des marchandises.
Sous une forme un peu différente c’est toujours à peu près la même proposition qui revient en avant et dont je vous ai déjà entretenu. - La question me semble suffisamment importante pour qu’elle vaille la peine d’être examinée de près par les Banques suisses et qu’elle ne soit pas écartée de prime abord, au risque que le commerce suisse en Roumanie se trouve distancé par d’autres et que lorsque nos commerçants et industriels voudront importer des marchandises en Roumanie après le rétablissement d’une situation normale, ils ne trouvent la porte close. - Il est certain que ceux qui auront consenti à courir quelques risques pendant la période difficile que traverse la Roumanie y seront mieux accueillis plus tard que ceux qui seront restés sur la réserve. Je vous serais reconnaissant de soumettre cette question à l’examen de nos principaux centres industriels et commerciaux. Elle présente un certain caractère d’urgence en raison des lenteurs inhérentes à ce genre de négociations. Les Italiens se démènent beaucoup dans cet ordre d’idées, ils ont déjà envoyé beaucoup de bateaux à Constanza et à Galatz sans trop se préoccuper des restrictions apportées au commerce d’importation et ils ont plus ou moins fini par s’arranger; au lieu de se charger eux-mêmes de se procurer les permis d’importation dont je vous ai déjà entretenu et qui entraînent beaucoup de lenteurs et de formalités compliquées, ils se sont abouchés, une fois arrivés avec leurs cargaisons dans les ports, avec des grossistes roumains qui eux disposent de tous les permis d’importation imaginables.
Les autres pays travaillent également beaucoup à l’aide de nombreuses missions plus ou moins officielles et je constate un grand va-et-vient de voyageurs de commerce par l’Orient-Express. Quant aux Suisses, après en avoir vu plusieurs dans le courant du mois de mars il me semble que le mouvement s’est beaucoup ralenti; est-ce qu’ils ont été un peu découragés de ce qu’ils ont vu sur place, qu’ils se sont laissés effrayer par la situation politique qui leur a paru instable et qui leur a peut-être été dépeinte sous un jour plus noir qu’elle n’est en réalité, je l’ignore? - Tout en conseillant la prudence comme je l’ai déjà fait, il me semble cependant qu’il ne faut pas non plus s’abstenir complètement de faire des affaires avec la Roumanie au risque, je le répète, d’arriver trop tard. Il me semble de toute importance que la question des avances à consentir à la Roumanie soit examinée de très près par les milieux compétents en raison des débouchés intéressants que la Suisse pourrait trouver actuellement en Roumanie.
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- (Copie): EVD Zentrale 1914-1918/14-15RC no 4. Paraphe: KW.↩
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