dodis.ch/44019
Le Ministre de Suisse à
Paris,
A. Dunant, à l’Adjoint à la Division des Affaires étrangères du Département politique, Ch.
E. Lardy1
J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 20 courant. Au sujet de l’attitude du Gouvernement français dans la question autrichienne, je crois devoir vous signaler que M. Clemenceau l’a définie en termes très nets, ce matin même, au cours de la visite que lui fit M. le Conseiller fédéral Calonder, visite dans laquelle j’accompagnais le Chef de notre Département. «Nous nous opposerons de toutes nos forces, a-t-il dit, à la réunion de l’Autriche allemande à l’Allemagne et je suis heureux de constater que nos vues sur ce point concordent pleinement avec celles du Conseil fédéral».
P.S. On prétend ici que les émissaires de l’Italie à Vienne, pour des raisons qu’on a peine à comprendre, favorisent la réunion de l’Autriche à l’Allemagne et subventionnent largement la propagande qui se fait dans ce sens.
La situation politique en Hongrie commence à inquiéter très vivement l’opinion française et la presse d’aujourd’hui reflète cette inquiétude.
Les gens qui s’occupent de la lutte contre le bolchevisme sont unanimes à dire que le programme d’action en Russie, complètement à jour, est prêt à être exécuté, que les moyens sont assurés, mais que tout est paralysé par l’intransigeance de trois hommes qui sont Wilson, Lloyd George et Clemenceau.