dodis.ch/43887

La Division des Affaires étrangères du Département politique au Ministre de Suisse à Londres, G. Carlin1

Il peut être d’un certain intérêt pour vous de savoir que le Ministre d’Angleterre à Berne, Sir Horace Rumbold, se montre depuis quelque temps fort susceptible à l’égard de l’attitude de la Suisse.2

Déjà lors de la signature de l’armistice, il s’était montré froissé que ses relations suisses n’eussent pas déposé des cartes chez lui, ce que naturellement personne n’aurait eu l’idée de faire.

Une personne suisse de distinction, très connue pour son anglophilie, s’est rendue récemment chez Sir Horace. Le Ministre, qui recevait généralement notre compatriote de la manière la plus aimable s’est montré très froid et réservé avec lui et, lorsqu’il lui en a demandé la raison, a répondu que l’attitude de la presse suisse à l’égard de l’Angleterre lui faisait une mauvaise impression.

Le correspondant du Times, qui s’était laissé quelque peu amadouer par nous, a envoyé l’autre jour à son journal un télégramme dans lequel il ne dit pas de mal du gouvernement suisse, mais adresse un sévère avertissement à notre presse.

Nous faisons notre possible pour faciliter les choses; j’ai invité M. Walter, correspondant du Times et aussi M. Young, venu pour réorganiser le service du Daily News et j’ai cherché à leur donner de nous l’impression la plus favorable.

J’ai pensé que ces quelques détails pourraient vous intéresser et c’est pourquoi je me suis permis de vous adresser ces lignes.

[PS]Nous avons envoyé un secrétaire de légation parlant anglais condoler chez Sir Horace personnellement pour la mort du petit prince - notre délégué a été cordialement reçu