Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 7-I, doc. 135
volume linkBern 1979
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2300#1000/716#895* | |
Old classification | CH-BAR E 2300(-)1000/716 395 | |
Dossier title | Rom, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 19 (1919–1919) |
dodis.ch/43880
Lors du séjour de M. Wilson, j’avais écrit à l’Ambassadeur des Etats-Unis pour lui exprimer le désir d’être présenté au Président, comme il me paraissait naturel. Cette présentation n’a pas pu avoir lieu. Les Représentants des pays neutres, comme je vous l’ai dit, ont été admis en présence de M. Wilson, mais sans pouvoir causer avec lui.
L’Ambassadeur des Etats-Unis m’a écrit une lettre fort aimable pour m’exprimer son regret; il est même venu me faire une longue visite hier soir pour me parler de cet objet. Le séjour du Président, m’a-t-il dit, n’avait pas été organisé comme il l’avait désiré. «Le protocole officiel» avait eu la haute main dans cette organisation et l’Ambassadeur n’avait pas pu réaliser son projet d’inviter tout le Corps diplomatique chez lui avec le Président. M. Page m’a renouvelé ses regrets très vifs.
Je lui ai dit, à ce propos, ce que j’aurais dit au Président, que je ne pensais pas qu’il eût en Europe de meilleurs amis que nous, pour la raison que nous étions les seuls à comprendre entièrement ses idées et à nous efforcer, au cours de notre histoire de les mettre en pratique.
M. Page m’a répété à ce propos ce qu’il m’avait déjà dit, à savoir que M. Wilson tenait beaucoup à la Suisse et qu’il comptait que nous défendrions son programme. M. Page qui se faisait autrefois, comme tous les Américains, beaucoup d’illusions sur le désir de paix et de fraternité des nations victorieuses, se montre assez déçu par les difficultés qui surgissent au moment du règlement des comptes. C’est dans des cas pareils que l’opinion d’un pays comme le nôtre, qui n’est pas suspect d’ambitions conquérantes, prend une importance imprévue. M. Page se montre peu édifié de certains marchandages de la politique italienne, en ce qui concerne les îles grecques et la Dalmatie.
Il espère beaucoup que M. le Président de la Confédération aura l’occasion de voir longuement le Président américain. Il m’a demandé au sujet du voyage de M. Ador des détails que je n’ai pas pu lui donner, n’ayant reçu aucune information en dehors de la dépêche par laquelle vous avez bien voulu me faire part de la décision du Conseil Fédéral. Je me suis borné à lui donner des renseignements sur la carrière de M. Ador, et le rôle humanitaire qu’il a joué au cours de cette guerre. J’ai ajouté que j’avais la conviction personnelle que ce voyage était dicté par l’unique désir du Conseil Fédéral de prendre contact avec les hommes qui travaillent, en ce moment, à la réorganisation de l’Europe, et que notre Gouvernement ne saurait s’inspirer que du souci de l’indépendance et de la dignité de la nation. M. Page m’a déclaré qu’il allait télégraphier au Colonel House, le grand ami et confident de M. Wilson, pour qu’il attire l’attention du Président sur l’importance de la visite de M. Ador.
J’ai appris d’une autre source, très sûre, qu’il y aurait eu un échange de propos assez vifs entre M. Orlando et l’Ambassadeur de Grande-Bretagne. Celui-ci faisant allusion à certaines attaques de la presse contre l’Angleterre et la France aurait dit: «Vous finirez par perdre tous vos amis!»
D’autre part les Anglais et Américains sont indignés d’une lettre de M. d’Annunzio, publiée dans les journaux romains, adressée aux Dalmates et où l’Angleterre et l’Amérique sont assez mal traitées. Cette lettre est un monument d’impertinence, et en particulier à l’égard de l’Angleterre, «la nation aux cinq repas», et elle a produit la plus grande indignation dans les milieux anglais.
L’agitation au sujet de la Dalmatie, prend des proportions extraordinaires. Les étudiants de Rome se sont livrés à des manifestations qui ont obligé le recteur à fermer l’université. On estime à Paris et à Londres que le Gouvernement est en grande partie responsable de cet état d’esprit, et qu’il aurait dû empêcher dès le début la campagne de presse.
- 1
- Lettre: E 2300 Rom, Archiv-Nr. 19.↩
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