Également: «Suggestions for new Swiss Agreements»: les principaux points du nouvel accord qui doit garantir à la Suisse les denrées alimentaires nécessaires mais qui impose de nouvelles conditions aux échanges extérieurs de la Suisse. Annexe de 30.11.1918
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 7-I, doc. 36
volume linkBern 1979
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E7350#1000/1104#1* | |
Old classification | CH-BAR E 7350(-)1000/1104 | |
Dossier title | Amerika (1914–1918) | |
File reference archive | 1 |
dodis.ch/43781
Négociations économiques avec les Etats-Unis1
PROCÈS-VERBAL DE LA PREMIÈRE SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1918 AU WAR TRADE BOARD
[...]2
M. McCormick: remet à M. Sulzer certaines propositions qui serviront de base au nouvel arrangement. Cet arrangement aux termes des propositions, dont copie est jointe au présent procès-verbal3, n’aura force de loi qu’à la condition qu’un arrangement subséquent (portant notamment sur les points 9, 10 et 4 des propositions)4 soit ratifié entre les contractants à Paris.
L’Amérique est prête à fournir à la Suisse les céréales nécessaires pour une ration journalière de 300 grammes.
Elle fournira un tonnage de 50.000 tonnes par mois.
Parlant du tonnage, M. McCormick offre de vendre à la Suisse pour 10.000 tonnes de bateaux en bois. - Ces bateaux ont été bâtis en vue des nécessités de l’heure présente et en les achetant, la Suisse rendrait service aux Etats-Unis, tout en contribuant à son propre ravitaillement. Ce sont des bateaux de 3500 tonnes.
M. Sulzerdemande pourquoi l’on [ne nous autoriserait pas plutôt d’acheter des navires neutres.
M. McCormickn’y voit pas d’objection fondamentale, mais ce tonnage viendrait naturellement en déduction des 50.000 tonnes.
M. Sulzerdéclare que ces 50.000 sont absoluement insuffisantes pour nos besoins les plus urgents.
M. Rappardinsiste également sur l’insuffisance de ce chiffre de 50.000 tonnes.
M. McCormickexplique qu’à leur point de vue tout se ramène au tonnage. Peu importe les contingents; l’Amérique veut garantir à la Suisse les céréales nécessaires pour une ration de 300 grammes; pour le reste, le point capital et dominant, c’est le tonnage, et le chiffre de 50.000 tonnes est celui que les Alliés en commun ont fixé comme étant disponible pour la Suisse. M. McCormick insiste sur le fait qu’il faut nettement distinguer garanties et perspectives. Selon son opinion personnelle, les perspectives sont bonnes, mais garantir plus de 50.000 tonnes n’est pas possible.
C’est même le désir de l’Amérique d’augmenter les quantités allouées en 1917.
M. Barrows, expert, communique les données qui démontrent que pour une ration de 300 grammes, la Suisse a besoin de 206.000 tonnes de céréales par an.5
M. Sulzerdéclare ne pouvoir accepter ces chiffres avant d’en avoir référé à Berne.
M. McCormickaborde la question du coton. Si la Suisse se servait d’abord des stocks allemands, il en résulterait une économie appréciable de tonnage; il n’est donc que juste que la Suisse utilise en premier lieu le coton allemand. L’Amérique propose donc de déduire ces stocks sur le contingent à fournir à la Suisse.
MM. Sulzer et Rappardexpliquent qu’il est impossible pour la Suisse d’agir ainsi sans le consentement de l’Allemagne.
M. McCormick: Notre point de vue est celui des Alliés. Il n’est pas juste que l’Allemagne qui a des navires, se servent de stocks déjà sur place. C’est donc l’intérêt de la Suisse d’économiser son tonnage en utilisant des stocks allemands. - Répondant à une objection de M. Sulzer, M. McCormick rappelle que l’armistice prévoit la continuation de l’embargo sur les marchandises et le contrôle des exportations.
M. Sulzermaintient son opinion. Si l’Allemagne consent, la chose est naturellement possible, mais la Suisse ne peut pas revenir sur sa parole.
M. Rapparddéclare que les Américains ne sauraient attendre de la Suisse une action qu’eux-mêmes n’entreprendraient pas.
M. Sulzerdemande qu’elle sera l’attitude du War Trade Board à l’égard des 1500 tonnes de coton déjà sous licence d’exportation et chargées.
M. McCormick: Ces 1500 tonnes constituent en somme la continuation de l’arrangement 1917. Le War Trade Board ne fera donc pas de difficulté à ce sujet.
M. Rappardsoulève le point 10 des propositions. Il se demande où est la contrepartie des crédits fournis par la Suisse.
M. McCormickdéclare que rien ne peut compenser le sacrifice que consentent les Alliés à la Suisse, lorsqu’ils lui garantissent un tonnage de 50.000 tonnes.
M. Sulzerdécrit la gravité de la situation financière en Suisse. Ce que la Suisse pourrait donner aux Anglais et aux Français est infinitésimal comparé au budget de ces pays.
M. McCormick: «Si les Alliés demandent des crédits, c’est qu’ils en ont besoin. Les besoins de l’heure présente sont multiples; ils varient aussi d’un jour à l’autre. Ainsi jusqu’à il y a quelques semaines, l’Amérique comptait exiger du bois et du bétail de la Suisse. Quelques jours ont suffi à modifier la situation et aujourd’hui l’Amérique ne demande rien.
Tout se ramène à une question de tonnage. Les Alliés doivent établir en commun un programme prévoyant la répartition du tonnage. Les 50.000 tonnes a paru aux experts amplement suffisant pour les besoins de la Suisse.»
M. Sulzer: «C’est trop pour mourir de faim et pas assez pour vivre». M. Sulzer demande pourquoi la Suisse obtiendrait si peu relativement aux autres pays neutres.
M. McCormick, répondant à M. Sulzer et à une question de M. Rappard, déclare que ce chiffre a paru suffisant aux experts et que la Suisse, selon les intentions du WarTrade Board, doit jouir d’une situation aussi favorable que la France.
L’Amérique a l’intention de fournir à la Suisse:
206.000 tonnes de céréales panifiables,
137.000 tonnes de maïs,
112.000 tonnes d’avoine.
M. Sulzer: «Ce qui reste comme tonnage disponible est insuffisant».
M.McCormick: « 17.000 tonnes de grains vous laissent par mois 33.000 tonnes pour les autres marchandises. Il appartient à la Suisse de fixer le pourcentage d’après ce tonnage.»
Répondant à une question de M. Sulzer, M. McCormick déclare que le War Trade Board est disposé à fournir ce tonnage dans le plus bref délai. Il rappelle que ce tonnage est garanti, non par les Etats-Unis seulement, mais par les Alliés.
M. McCormick estime qu’il faut tout d’abord régler la question des besoins en importation pour une ration de 300 gr. Il faut donc attendre la réponse au télégramme de M. Sulzer.
Il estime cependant qu’il ne serait pas superflu de se réunir avant cela pour que les experts du War Trade Board expliquent leurs calculs.
Une seconde réunion est donc fixée au lundi 3 Décembre 1918.
La séance est levée à 16 h 15.
- 1
- EVD Zentrale 1914-1918/1-2. Paraphe: KW.↩
- 2
- Für die Tabelle vgl. dodis.ch/43781. Pour le tableau, cf. dodis.ch/43781. For the table, cf. dodis.ch/43781. Per la tabella, cf. dodis.ch/43781.↩
- 3
- Cf. annexe: Suggestions for new Swiss Agreement.↩
- 4
- Cf. annexe mentionnée note 1.↩
- 5
- Pour les statistiques américaines, cf. no 35.↩