dodis.ch/43667
La Division des Affaires étrangères du Département politique aux Ministres de Suisse à
Paris et
Londres1
Les déclarations faites par M. Sonnino et par Lord RobertCecil au sujet du Traité de Londres dans les Parlements des deux pays n’ont pas manqué de provoquer chez nous une certaine impression. Il semblerait en résulter, en effet, que les Neutres doivent être exclus d’une conférence internationale destinée à mettre fin à la guerre et à réorganiser l’Europe.
Si une décision pareille avait été prise au Traité de Londres et devait être appliquée, nous n’avons pas besoin de vous dire combien cela serait malheureux pour nous. Notre exclusion d’une conférence dans laquelle on disposerait sans notre accord de patrimoines matériels et moraux auxquels nous tenons, nous paraîtrait plus que regrettable et nous ne saurions admettre à la légère que les questions d’ordre général qui se discuteront à la Conférence fussent réglées sans nous et que les bases sur lesquelles la société et la politique de l’Europe reposeront pendant des années fussent établies en dehors de toute coopération de notre part.
C’est pourquoi nous vous prions de vouloir bien chercher à vous renseigner sur la manière dont le gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité envisage le Traité de Londres et sur l’interprétation qu’il donne à la prétendue clause d'exclusion des Neutres.
Nous ajouterons, ceci surtout pour votre information personnelle, que nos vœux ne se bornent pas à nous voir représentés au sein de la Conférence, mais que nous attacherions beaucoup de prix à ce que le lieu de la Conférence fût fixé en Suisse.
Sans vous charger de faire des démarches à cet égard, nous n’avons par d’objection à ce que, si l’occasion s’en présentait, vous laissiez entrevoir les dispositions dans lesquelles nous sommes à ce sujet.