J’ai l’honneur de vous confirmer mon télégramme d’hier soir. Dans une conversation, M. de Hindenburg a dit, hier soir: «Wer weiss ob unser Krieg mit Frankreich so komplett ist.» Pressé de s’expliquer, il ajouta seulement: «Heute ist ein Telegramm von 14 Worten von Rom nach England abgegangen. Wir glauben, annehmen zu dürfen, dass Italien, uns zu Gunsten, eine Lösung sucht.»
Je me suis permis de vous communiquer cet état de choses, qui montre chez l’Allemagne la conscience d’une situation grave et le désir de ne pas pousser les choses au pire. Aujourd’hui la situation ne paraît plus permettre une solution amiable; mais l’attitude allemande reste caractéristique et symptomatique. Les craintes de l’Allemagne à l’égard de l’Italie et du rôle qu’elle compte jouer ne disparaissent pas et l’Ambassade fait tous ses efforts pour éviter toute aigreur et toute récrimination: «Wir müssen die Zukunft vorbereiten.»
Au cours de la même conversation, M. de Hindenburg a donné une précieuse indication sur la valeur des promesses de respecter la neutralité que font les grandes puissances. Il a raconté que l’Allemagne n’avait pas osé affirmer à l’Angleterre qu’elle ne violerait pas la neutralité de la Belgique, parce que la question lui était posée par une grande puissance et qu’une promesse non tenue pouvait, dans ces circonstances, avoir des conséquences; mais il a ajouté que l’Allemagne avait, encore tout récemment, donné à la Belgique et aux Pays-Bas des assurances aussi complètes que possible que leur neutralité serait respectée.
L’Ambassadeur de France, que j’ai vu aujourd’hui, m’a affirmé de la manière la plus absolue que nous n’aurions jamais à craindre une violation de notre neutralité de la part de la France.