Classement thématique série 1848–1945:
I. SITUATION INTERNATIONALE
1. Alliances et relations entre puissances
1.1. Maintien de la paix
Imprimé dans
Documents Diplomatiques Suisses, vol. 4, doc. 324
volume linkBern 1994
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Archives | Archives fédérales suisses, Berne | |
▼ ▶ Cote d'archives | CH-BAR#E2300#1000/716#738* | |
Ancienne cote | CH-BAR E 2300(-)1000/716 336 | |
Titre du dossier | Paris, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 52 (1899–1899) |
dodis.ch/42734
La politique extérieure de M.Delcassé qui a courageusement reconnu la nécessité d’éviter une guerre avec l’Angleterre il y a six mois et su faire dans l’affaire de Fachoda les sacrifices inévitables, paraît être de chercher à se montrer aimable pour éviter à la France de se trouver de nouveau échec et mat. Le sentiment que l’amitié de la Russie n’a servi à rien lors de l’incident de Fachoda et qu’en Afrique l’appui de la Russie est chimérique et n’a procuré aucun avantage sérieux en Extrême-Orient s’est suffisamment développé dans le monde parlementaire et dans le monde de la finance pour qu’on ne reproche pas à M.Delcassé de regarder aussi ailleurs que du côté de St-Pétersbourg. J’ajouterai que le Gouvernement russe lui-même et, en tout cas, son ambassadeur à Paris déclare ouvertement qu’il approuve, qu’il appuie et qu’il recommande cette politique de rapprochement. Après l’accord commercial franco-italien, M.Delcassé s’est entendu avec le Vatican pour que la France continue à être le défenseur attitré des intérêts catholiques en Turquie; ni le Quirinal, ni la Russie n’y ont sérieusement trouvé à redire, et l’Allemagne dont le souverain ne veut pas que les catholiques allemands aient d’autre protection que la sienne dans l’Empireottoman, ne s’en est pas formalisé outre mesure puisqu’il a chargé son ambassadeur Marschall à Constantinople de patronner et de faire aboutir un accord et une sorte de fusion entre les chemins de fer (allemands) d’Anatolie et les chemins de fer (français) de Smyrne à Kassaba, en vue de la construction en commun de la ligne de la Méditerranée à Bagdad et dans le but d’enlever cette ligne à un Autrichien qui était en réalité le prête-nom de capitalistes anglais. L’envoi du vaisseauécole de la marine de guerre allemande ce printemps à Alger et le fait que cette visite a été rendue par le vaisseau-école de la marine française à l’Empereur en personne dans les eaux norvégiennes, qu’un navire de guerre français se trouve pour la première fois en ce moment dans un port allemand depuis 1871 (sauf les fêtes d’inauguration du canal de Kiel), le télégramme dans lequel l’Empereur allemand traite les marins français de «chers camarades», tout cela implique le désir entre Paris et Berlin et vice-versa de relations courtoises, et, je le répète, l’Ambassadeur de Russie ici déclare avoir travaillé tant qu’il a pu à ce rapprochement. J’ajouterai qu’un diplomate allemand habitant Paris a laissé échapper le mot, si nous n’avions pas cette malheureuse affaire Dreyfus on aurait pu faire encore bien davantage dans cette voie.
Dans le même ordre d’idées, je sais que M.Delcassé redoute très vivement, très sincèrement, les agitations révolutionnaires en Espagne et en Belgique et qu’il fait tout ce qui dépend de lui pour enlever tout espoir d’appui aux républicains espagnols et aux socialistes belges.
Bien entendu il serait absolument exagéré de parler d’une entente ou d’une alliance franco-allemande ou franco-germano-russe, mais la France cherche à avoir de bons rapports avec toutes les grandes puissances continentales, tantôt sur un point, tantôt sur un autre, là où cela est possible sans des contradictions trop criantes, et tout cela est favorable au maintien de la paix.
J’ai dit continentales, car je ne sens pas le rapprochement se faire du côté de Londres.
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Maintien de la paix (1890–1918)