Imprimé dans
Documents Diplomatiques Suisses, vol. 2, doc. 356
volume linkBern 1985
Plus… |▼▶Emplacement
Archives | Archives fédérales suisses, Berne | |
▼ ▶ Cote d'archives | CH-BAR#E2#1000/44#475* | |
Ancienne cote | CH-BAR E 2(-)1000/44 88 | |
Titre du dossier | Frage betr. Grenzkorrekturen gegen Frankreich beim Übergang des Elsasses an Deutschland, v.a. Abtretung des südlichen Elsasses und Hochsavoyens an die Schweiz (1870–1871) | |
Référence archives | B.266 |
dodis.ch/41889
Ainsi que je vous l’ai écrit hier2, il m’a paru utile de profiter du séjour à Versailles de M. de Goulard, membre de l’Assemblée Nationale, et plénipotentiaire de France pour les négociations qui se traitent à Bruxelles dans le but de conclure le traité définitif de paix, pour m’entretenir verbalement avec lui sur les deux questions pour lesquelles vous m’avez transmis des instructions, savoir:
1° celle qui touche la garantie du libre transit par le territoire alsacien,
2° celle qui concerne la rectification de la frontière.
Je me suis efforcé de lui exposer les motifs qui militent en faveur des demandes formulées par le Conseil Fédéral, et j’ai tout particulièrement insisté sur le fait que ce que nous demandons est tout aussi bien dans l’intérêt de la France que dans celui de la Suisse. Je m’abstiens de reproduire ici cette partie de notre conversation, parce que ces motifs vous sont connus. M. Goulard m’a répondu que la note3 adressée par moi sur la première question au Ministère des Affaires Etrangères a été transmise par ce dernier au plénipotentiaire avec des instructions tout à fait conformes au vœu de la Suisse. Par contre, le plénipotentiaire n’aurait pas encore reçu communication de ma note sur la rectification de frontière ni de la carte qui s’y trouvait jointe. Il m’a assuré que je pouvais compter avec certitude que les plénipotentiaires se donneront toute la peine possible pour obtenir dans le traité une stipulation garantissant les intérêts commerciaux des deux pays. Cette question n’aurait pas encore été abordée dans la Conférence et dans une conversation que M. Goulard aurait eue à ce sujet avec les plénipotentiaires allemands, ces derniers auraient observé une certaine réserve, sans se prononcer en manière quelconque sur le fond de la question. M. Goulard doute même qu’ils aient déjà reçu des instructions positives à cet égard.
Quant à la rectification de frontière, M. Goulard s’est montré très favorablement disposé à appuyer notre demande. Mais il a dû réserver tout naturellement les instructions qu’il attend sur cette question de son Gouvernement. Je lui ai dit que j’étais en très bons termes avec le plénipotentiaire de la Bavière, M. de Quadt, et que je pourrais peut-être, dans une lettre officieuse, lui recommander les intérêts Suisses dans ces deux questions. M. Goulard m’a répondu qu’il approuverait fort une pareille démarche; il m’a paru qu’il la désirerait. Avant de la faire, j’attends cependant d’abord votre direction, si vous trouvez la démarche convenable. Je ne crois pas me tromper en supposant que la solution de ces questions est beaucoup plus à Berlin qu’à Bruxelles et que les plénipotentiaires allemands n’oseront faire de concessions ni sur l’une ni sur l’autre de ces questions, sans instructions formelles de M. de Bismark. Je m’en remets entièrement à l’arbitre du Conseil Fédéral de décider s’il ne serait pas utile d’engager M. le Colonel Hammer à Berlin, à intervenir auprès de M. de Bismark pour obtenir des instructions favorables à la Suisse sur ces deux questions.
Je me fais un plaisir d’ajouter en terminant que la personnalité de M. Goulard a fait sur moi la meilleure impression. C’est un homme sérieux, très calme et très attentif à tout ce qui peut contribuer à élucider les questions pour lesquelles il s’intéresse. Il m’a assuré qu’il ne manquerait pas de faire tout ce qui dépendra de lui pour obtenir une solution favorable aux intérêts de la Suisse qu’il reconnaît être d’accord avec ceux de la France. En le quittant, je me suis mis à la disposition de M. Goulard pour tous les renseignements dont il pourrait encore avoir besoin, offre qu’il a acceptée avec remerciements.
P.S. Vu l’irrégularité des correspondances, il me paraîtrait utile de me répondre à la question ci-dessus, mentionnée par le télégraphe. Si je reçois un télégramme contenant les mots «d’accord», j’écrirai immédiatement à M.de Quadt.4
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Neutralisation de la Savoie (1870–1871)
Frontières et territoire national