Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 2, doc. 302
volume linkBern 1985
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2#1000/44#1641* | |
Old classification | CH-BAR E 2(-)1000/44 269 | |
Dossier title | Frage der Besetzung von Chablais und Faucigny und Übergabe dieser Provinzen an die Schweiz während des deutsch-französischen Krieges von 1870-1871 (1870–1873) | |
File reference archive | B.137.1 |
dodis.ch/41835
Je vois par les journaux les démarches que fait le Préfet de Chambéry2, ensuite de l’impulsion des autorités locales, pour obtenir l’occupation de la Savoie neutralisée, par des troupes Suisses. Il est donc opportun que vous sachiez ce qui s’est dit et fait ici par rapport à cette question et qui est arrivé à ma connaissance.
Je crois d’abord qu’il a été fait des démarches auprès du Gouvernement Italien pour obtenir la protection du Roi pour le pays qui fut le berceau de sa dynastie. Ces démarches échouèrent devant la décision de plus en plus arrêtée en faveur de la neutralité.
Le personnel de la Légation de l’Allemagne du Nord fit plus d’une fois allusion à la possibilité d’une annexion de la Savoie à la Suisse. Je ne donnai pas d’importance à ces allusions qui me paraissaient n’avoir d’autre but que de susciter des ennemis à l’ennemi, sinon de mettre un jalon pour certains échanges convoités par les journaux de l’Allemagne du Sud (cession de notre territoire sur la rive droite du Rhin). Cependant, lorsque le Chef de la Légation me dit il y a quelques jours: «Vous n’en avez pas voulu de la Savoie», je lui répondis en le priant de vouloir me dire qui avait fait cette offre et à qui? Sur quoi, il me répliqua: «On vous l’a assez donné à entendre!» Mais sur mon interpellation s’il avait des instructions explicites ou implicites pour parler ainsi, il s’en défendit fort et me déclara de la manière la plus positive qu’il n’en avait aucune.
Si j’ai bien saisi la chose, ces insinuations avaient pour but de pousser la Suisse à faire valoir ses prétentions sur la Savoie, de manière à obtenir une rupture avec la France, ou du moins à semer des germes d’éloignement pour l’avenir. Ici aussi l’on poussait (officieusement) à l’occupation de Rome, que le Comte d’Arnim repoussait à Rome avec chaleur. Laquelle des deux Légations a agi dans le sens de son Gouvernement? C’est ce qui est encore un mystère.
Si maintenant la Suisse occupait la Savoie à la demande du Gouvernement Français, la chose serait-elle toujours du goût du Gouvernement de l’Allemagne? C’est ce que le Conseil fédéral pourra sans doute vérifier.
Quelques personnages italiens aussi m’ont fait allusion à une annexion d’une partie de la Savoie, entre autres le Secrétaire général au Ministère des Affaires étrangères qui vient de cesser ses fonctions. Mais lorsque je tâtai son Chef, le Ministre, ainsi que le Président du Conseil, je vis bien qu’ils n’y étaient pour rien. Mais à cette occasion, comme dans bien d’autres, je vis clairement que s’il dépendait du Gouvernement Italien, la Suisse couvrirait toutes ses frontières, non seulement au Nord, mais à l’Orient et à l’Occident.
Quant à mon attitude dans ces conversations, elle a été celle d’un homme qui représente un pays qui n’a pas la convoitise du territoire d’autrui, mais qui accepterait volontiers l’occasion de mieux couvrir sa frontière, si cela pouvait se faire d’une manière loyale et du consentement des parties intéressées.
Je serais bien aise de savoir si vous avez des directions à me donner.