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Le Secrétaire du Comité international de secours pour les militaires blessés, H. Dunant, au Médecin en chef de l’armée fédérale, S. Lehmann1

J’ai le grand plaisir de vous annoncer que l’Empereur des Français a pris tellement à cœur notre œuvre qu’il a donné l’ordre au Ministre des Affaires étrangères de traiter diplomatiquement la question de la neutralité (nos vœux A, B, C)2 avec toutes les puissances civilisées, et de convoquer, d’accord avec le Comité international, une nouvelle conférence pour le mois d’août prochain, à Genève, afin qu’une convention (soit concordat) soit conclue entre des délégués officiels de toutes les puissances civilisées.

Notre Ministre plénipotentiaire à Paris, M. Kern, a été de la plus grande obligeance dans cette affaire, et le Général Dufour est ravi.

Depuis six semaines, je suis à Paris pour obtenir ce résultat, qui est bien heureux. Après avoir conféré avec M. Drouyn de Lhuys, et porteur de sa proposition verbale3, j’ai fait un saut jusqu’à Genève où nous avons eu séance du Comité international, qui a écrit une lettre de remerciements à S. E. le Ministre des Affaires étrangères et une autre à l’Empereur4, dont j’ai été chargé.

Aujourd’hui même, je sors du Ministère où nous avons précisé les faits. Je me hâte de vous en informer officieusement, et vous prie, cher Monsieur, de préparer et prédisposer favorablement de la façon dont vous le jugerez le plus convenable Messieurs les membres du Conseil fédéral auxquels vous trouverez utile d’en parler.

Du reste, cette affaire ne peut qu’être vivement applaudie à Berne; mais je vous serai reconnaissant, lorsque le Ministre des Affaires étrangères aura fait sa démarche à Berne et officiellement, de vouloir bien écrire ou faire écrire un petit article favorable dans le Bund et les autres journaux allemands de la Suisse, afin que de prime abord notre œuvre soit comprise et applaudie, et devienne populaire. Onze gouvernements ont déjà adhéré officiellement (onze) et quatre ont annoncé officieusement leur prochaine adhésion.

Je suis sûr que cette nouvelle vous fera plaisir et je voudrais que ce plaisir fût partagé par Messieurs les hauts membres du Conseil fédéral, etc. C’est un honneur et une gloire pour la Suisse. Nous aurons aussi des délégués du Brésil, du Mexique, des Etats-Unis.

L’Empereur des Français a été de la plus grande bienveillance et m’a dit que tout ce qui pourrait favoriser et encourager l’œuvre, il l’accorderait.