dodis.ch/41463 Le Chargé d’affaires de Suisse à
Turin,
A. Tourte, au Président de la Confédération, J. St'dmpfli
1
Mon collègue d’Angleterre, à ma prière, a demandé au Ministre2 des explications au sujet des paroles qui ont causé tant d’émotion en Suisse: il a fait cette demande comme si elle venait de son Gouvernement. Le Ministre s’est confondu en protestations de son innocence et de la pureté des intentions du Gouvernement, etc. Hudson est revenu de son audience convaincu qu’il n’y avait pour le moment aucun projet formé à l’égard du Tessin. Je dis pour le moment, car, mon collègue, qui voit tous les jours des Italiens de tous les partis, m’a souvent dit que les uns et les autres ont tous l’idée d’annexer un jour ou l’autre le Tessin. Ils ne veulent pas précisément le faire par la force, mais ils s’imaginent que les Tessinois seraient trop heureux d’appartenir à la grrrande nation. Comme les Français – hélas!
Aussi suis-je enchanté de la vigoureuse protestation de nos compatriotes de langue italienne3; cela désillusionnera au moins les honnêtes gens.
Du reste on se plaint de nous au Ministère: on dit que nous sommes querelleurs, fiers, intraitables; et que nous sommes dix fois plus raides envers l’Italie que les Allemands. Cela n’est pas trop mauvais, car on croit que nous soutiendrions une querelle jusqu’au dernier homme. Ah! qu’il est dommage que dans la presse et dans les conseils quelques hommes en montrant nos divisions, détruisent imprudemment cette auréole qui ne nous coûte rien et nous défend si bien.
[...]4