Ce m’est un devoir agréable de porter à votre connaissance que M. Gédéon Des Arts, de Genève, président de la Société helvétique de bienfaisance de Paris, chef de la maison de banque Des Arts, Mussard et Cie, est venu me déclarer hier soir qu’il mettrait volontiers à votre disposition cent ou deux cent mille francs pour les besoins de la guerre, et qu’il pensait que d’autres banquiers suisses de Paris étaient dans les mêmes intentions. M. Des Arts a exprimé en outre des sentiments patriotiques dont j’ai été autant touché que de son offre. Je vous prie, très honorés Messieurs, de me dire ce que je dois répondre à M. Des Arts.
Les sentiments des Suisses domiciliés à Paris sont, d’après ce que j’apprends directement ou indirectement, à l’unisson de ceux qui se manifestent avec tant d’énergie et d’ensemble en Suisse. L’attitude ferme et digne du haut Conseil fédéral trouve parmi mes compatriotes d’ici une adhésion générale.
Permettez-moi, très honorés Messieurs, de vous répéter qu’il importe au plus haut degré que toute cette affaire conserve un caractère purement suisse et qu’aucun élément étranger ne vienne la compliquer en la dénaturant. Il faut non seulement s’abstenir de provoquer des mouvements quelconques dans les pays voisins, mais encore refuser toute assistance des étrangers. Croyez bien, très honorés Messieurs, que si je me permets d’insister sur ces deux points, c’est que je suis pénétré de toute leur importance. Ce serait d’une bonne politique d’exprimer ces vues dans les proclamations qui seront sans doute faites.
P.S. M. de Graffenried-Villars, de Berne, vient aussi de me faire une offre de même nature que celle de M. Des Arts, et manifeste les mêmes sentiments.