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1942-1945
BAR; E 2001(D)-/3/, Bd. 454; B.51.331.Tch.: "Nestlé & Anglo-Swiss Holding Co.Protection d'intérêts suisses"
Information Independent Commission of Experts Switzerland-Second World War (ICE) (UEK)
Info UEK/CIE/ICE ( deutsch français italiano english):
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1. Le 28.8.1942, Nestlé Vevey demande la transmission de courrier par la valise diplomatique. Même demande le 23.11.1942. Le DPF accepte, vu l'importance des intérêts suisses en jeu.

2. Notice d'entretien Kohli/Paternot du 03.02.1943 : [Photocopie] Paternot dit au sujet des affaires tchèques : «Naguère succursale de Nestlé/Suisse, l'affaire de Prague fut ensuite constituée en société. Une énorme usine fut construite, financée par Nestlé/Berlin qui disposait de Marks en surabondance. En raison des circonstances, toute cette opération dut être faite sous contrôle des autorités allemandes. Désireux de parer aux risques de change, Nestlé/Vevey a converti l'avance de Berlin en attribuant entièrement à Nestlé/Berlin l'augmentation de capital (15 mio de couronnes) de la société de Prague, tout en réservant une option en faveur de Nestlé/Vevey, de façon à ce qu'il n'existe pas de doute sur le contrôle de Nestlé/Vevey. Vu la grande animosité qui se manifeste déjà maintenant en Slovaquie contre les Allemands, Nestlé/Vevey désire que sont directeur (ressortissant suisse) de Prague soit en contact avec le Consulat général et que ce dernier soit documenté, à toutes fins utiles, sur la participation des intérêts suisses dans l'entreprise Nestlé. Nestlé/Vevey aimerait donc nous remettre un mémoire destiné à M. Le Consul général Grässli.» Paternot enchaîne au sujet de l'Autriche : «la situation à Vienne est à peu près la même qu'à Prague : il s'agit d'une petite société recevant toutes ses directives par l'intermédaire de Nestlé/Berlin. Il serait bon de renseigner dès maintenant le Consulat général.»


3. Le 4.2.1943, Nestlé/Vevey remet au DPF un mémoire (daté du 27.1.1943) concernant Nestlé/Prague et attestant la nationalité suisse de cette société. Le mémoire manque malheureusement au dossier. Il fut transmis à la représentation suisse à Prague, et le DPF souligne : «Nous avons eu à nous occuper, à maintes reprises, de nombreuses affaires de la Société Nestlé et nous avons eu ainsi l'occasion de constater que plus de 90% du capital-actions de cette holding est effectivement en mains suisses, de sorte que nous sommes à même et qu'il importe de veiller dans la mesure du possible à la sauvegarde des intérêts de ces ayants-droits dont les placements se trouvent, par l'entremise d'une vaste organisation de sociétés intermédiaires, exposés aux risques créés par les circonstances actuelles dans différents pays.»

4. Dans cette affaire complexe, la Deutsche AG für Nestlé Erzeugnisse à Berlin et son directeur Hans Riggenbach sont également très concerné, et le DPF transmet à nouveau du courrier pour Nestlé/Vevey par la voie diplomatique.

5. En octobre 1944, des lettres de protection pour Nestlé/Prague et la fabrique de Hlinsko. Celle de Mährisch-Kromau relève en revanche du Consulat général de Vienne (qui, semble-t-il a fait de même pour Nestlé Wien AG et sa fabrique de Grimmenstein).

6. Changement radical le 6.6.1945 avec une lettre de Nestlé/Vevey au DPF. En effet, on s'inquiète énormément du sort des entreprises, de leur direction et de leur personnel dont on est sans nouvelle à Vienne, Grimmenstein, Prague, Hlinsko et Mährisch-Kromau. Les directeurs d'Allemagne, soit MM. Riggenbach, Thalmann, Stein et Hoffmann ont pu rentrer en Suisse, en abandonnant sans doute telle quelle leur usine.

7. Dès le 12.6.1945 commence également une nouvelle bataille pour prouver que Nestlé/Prague est bien une société suisse. (Photocopie) Lettre de Nestlé/Vevey à la SCIPE du 12.6.1945 qui donne des précisions utiles sur la complexité du capital-actions et surtout de l'élargissement de ce dernier lors de la création de la filiale de Hlinsko.

Deutsche AG für Nestlé Erzeugnisse / Conseil d'administration depuis 1939 au 29.6.1945:

Dir. Hans Riggenbach Hattersheim Suisse 'Vorsitzer' depuis juillet 1944
Dr. Ludwig Ruge Berlin Allemand 'stellvertretender Vorsitzer'
Prof. Dr. Erich Tiede Berlin Allemand
Dr. Hans Streit Chexbres Suisse


8. L'éteau se resserre rapidement et le 9.7.1945 déjà Nestlé/Vevey écrit au DPF-SCIPE au sujet du caractère économique suisse de la "Nestlé AG für Erzeugung und Vertrieb von Nahrungsmitteln", Prague. «Nous venons de lire dans la presse de ce matin (NZZ 9.7.45) que le Gouvernement tchécoslovaque a conclu avec la mission militaire russe à Prague un accord concernant le butin russe en Tchécoslovaquie. Cet accord contiendrait une liste complète des entreprises industrielles allemandes qui ont été fondées par les Allemands pendant la guerre et dont les installations seraient maintenant démontées et envoyées en Russie. Bien que la fabrique de Hlinsko, appartenant à la Société Nestlé Prague, ait été construite au cours de cette guerre avec l'aide financière de la Deutsche AG für Nestlé Erzeugnisse, Lindau im Bodensee, ni cette fabrique ni la Société Nestlé Prague elle-même ne peuvent être considérées comme entreprises allemandes étant donné que le véritable caractère économique de ladite société et de ses actifs est intégralement suisse, comme nous avons déjà eu l'honneur de vous l'exposer.»


9. Le fait que la Deutsche AG für Nestlé Erzeugnisse n'ait souscrit qu'à titre fiduciaire pour les actionnaires suisses au nouveau capital-actions émis par la Société Nestlé/Prague ne peut, selon Nestlé pas être un argument pour considérer la Société tchèque comme allemande. De plus, les actionnaires suisses, moyennant la levée d'option, ont repris la propriété juridique et économique de toutes les actions détenues auparavant par la Deutsche AG de sorte que, à l'heure actuelle, Nestlé/Prague est juridiquement et économiquement en mains suisses. Le fait que la Société 'ITAG' Industrie Trust SA à Zürich soit, aux côtés de Nestlé seule actionnaire de ladite Société Nestlé tchèque, est également soulevé comme fait attestant de la nationalité suisse des intérêts en jeu.

10. Dès novembre 1945, Nestlé/Vevey se fait beaucoup de souci au sujet des décrets de nationalisation qui pourraient concerner ses succursales en Tchécoslovaquie.

La suite du dossier à partir de janvier 1946 se trouve dans B.34.76.Tch.
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