Également: Long rapport de synthèse sur le développement de la situation politique, économique et sociale au Japon depuis le déclenchement de la guerre dans le Pacifique. Politique du Japon à l’égard des pays d’Asie qu’il occupe, en libérateur, proclamé protecteur des nations asiatiques. Rapports avec les alliés allemands et italiens. Réalités de l’impérialisme nippon. Annexe de 30.6.1943
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 14, doc. 374
volume linkBern 1997
more… |▼▶Repository
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2300#1000/716#1085* | |
Old classification | CH-BAR E 2300(-)1000/716 466 | |
Dossier title | Tokio, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 12 (1943–1945) |
dodis.ch/47560
Pour Politique. Hommes d’Etat japonais ne cachent plus que situation3 devient très sérieuse et prévinrent le peuple que ses privations déjà très lourdes allaient augmenter. Ravitaillement devient toujours plus difficile et les Japonais haut placés m’avouent qu’ils ont peine à subsister. Japon cache autant que possible ses difficultés et revers, mais on en voit partout les conséquences. Effort de guerre s’intensifie dans un peuple fatigué. Les métaux de toutes sortes sont enlevés chez les particuliers et jusque chez les oculistes qui doivent livrer les montures de lunettes. Les statues célèbres, généralement propriété de l’Etat, sont descendues de leur piédestal pour partir vers les hauts fournaux. Peuple déjà si pauvre, pressuré pour achats bons d’Etat. Atmosphère très lourde et nervosité croissante se manifeste, de l’aveu même de Gaimusho4, dans les bureaux, surtout au Ministère de l’Intérieur qui a des regards partout. Mesures prises m’empêchent comme autres Ministres de me rendre à Yokohama. Suis ainsi coupé de colonie. Censure viole continuellement le courrier. Dernier cas de courrier ouvert, lettre de OSEC, Lausanne5, contenant rapport économique. Violer droit international semble un mérite puisque fait par patriotisme. Gaimusho à qui je fis réclamation nécessaire est impuissant et se borne à dire souvent qu’il ne comprend pas les mesures prises. Doyen du Corps diplomatique6 taxe ces mesures de brimades mais comme français, il est lié à l’Axe et se trouve dans situation difficile pour intervenir. Défauts congénitaux du Japonais dont principal fut toujours esprit mesquin, se développent à mesure que crise s’accroît. Le fait de représenter Américains et Britanniques7 dans pays souffrant et exalté ne facilite pas ma tâche et les cinquante personnes que j’occupe à cet effet nous valent méfiance d’une police se méfiant à l’extrême et sans scrupules. Je ne crois pas qu’il existe un seul pays où le travail diplomatique soit plus ardu, ceci malgré les déclarations du Gaimusho selon lesquelles les brimades envers le Corps diplomatique sont partout les mêmes. Je lui citai le cas Sakamoto qui voyage librement chez nous et se fait même montrer des usines8 ce qui, pour les Japonais, est effectivement un comble.
- 1
- Ce télégramme chiffré est transmis à la Division des Affaires étrangères du Département politique, puis lu par Pilet-Golaz au Conseil fédéral lors de sa séance du 18 juin 1943.↩
- 2
- (Copie de réception): E 2300 Tokio/12.↩
- 3
- Sur la situation au Japon en juin 1943, cf. le rapport politique publié en annexe au présent document.↩
- 4
- Ministère japonais des Affaires étrangères.↩
- 5
- Lettre, non retrouvée, du siège de Lausanne de la Direction de l’Office suisse d’expansion commerciale.↩
- 6
- Ch. Arsène-Henry est Ambassadeur de France au Japon depuis le 12 mars 1937.↩
- 7
- La Suisse défend les intérêts des Etats-Unis d’Amérique au Japon depuis le 17 décembre 1941 (Cf. E 2001 (D) 3/99) et ceux de l’Empire britannique depuis le 13 mai 1942 (Cf. Liste des Etats représentés par la Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale, 1939-1945, E 2001 (D) 3/97).↩
- 8
- A ce sujet, cf. la notice du 9 mars 1943 de Pilet-Golaz sur son entretien avec le Ministre du Japon à Berne. Le 8 mars 1943, à 15 h. 30, M. Sakamoto, Ministre du Japon, vient me voir. Notre entretien dure 50 minutes. Il porte sur trois objets[cf. aussi, ci-dessus, No 320], Le deuxième concerne les commandes japonaises en Suisse. Il s’agit essentiellement de fabrications industrielles. Il y en aurait encore en suspens pour 20 à 30 millions. Mais la Division du commerce aurait laissé entendre que sans compensation en nature nous ne pouvions continuer. Or les compensations en nature depuis le Japon paraissent exclues. A ce propos, M. Sakamoto m’indique comment les marchandises suisses ont passé jusqu’à maintenant au Japon. Le Gouvernement japonais est très désireux de savoir sans tarder si cette attitude est une attitude définitive du Gouvernement suisse. La chose presse. Elle devrait être éclaircie jusqu’à la fin du mois au plus tard. Car l’exécution même des commandes prendra du temps. Je lui réponds que je m’informerai. Je lui conseille de prendre contact avec M. Kohli, de ma Division des Affaires étrangères, qui est l’agent de liaison avec le Département de l’Economie publique. Je lui promets que je demanderai moi-même à M. Kohli ce qu’il en pense. J’ajoute que je ne sais pas si la compensation exigée doit être nécessairement une compensation japonaise, directe. Quoi qu’il en soit, je note le point pour le faire examiner (E 2809/1/3).↩