Unterhaltung mit Vincent Auriol, welcher mehrere Themen anspricht: persönliche Bemerkungen zu den englischen Sozialisten, der deutschen Teilung und der kommunistischen Partei Frankreichs.
Pubblicato in
Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 18, doc. 24
volume linkZürich/Locarno/Genève 2001
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#E2300#1000/716#788* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR E 2300(-)1000/716 349 | |
Titolo dossier | Paris, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 103 (1949–1949) |
dodis.ch/8256
Le Président de la République2 m’a parlé de son amitié pour Jaurès.
Il m’a dit: «Jaurès était un chrétien; il l’était à la façon des premiers chrétiens, c’était ce qu’il y avait de plus profond en lui. En avançant dans l’existence, je le rejoins dans ses convictions intimes et presque mystiques. Il n’aimait pas l’Eglise catholique qui lui paraissait, par beaucoup de ses aspects, la négation même de la révélation et de l’enseignement de Jésus-Christ. Il y avait en lui beaucoup d’humanisme aussi et, comme chez moi, peut-être, un certain romantisme, c’est-à-dire que, tout en reconnaissant le bien-fondé de certaines théories économiques de Karl Marx, il était beaucoup plus nourri des idées généreuses du socialisme français du début du siècle dernier, de ce romantisme socialiste, peut-être plus encore que des idées de 89.»
Il ajouta: «Jaurès avait toujours peur du déséquilibre démographique et social que créerait une technique trop avancée et, bien des fois, il déclara: «Là où passera la pénétration économique d’une grande puissance pourront aussi passer les armées.»
Le Président me dit:
«Nos amis, les socialistes anglais, m’ont déçu. Ils m’ont déçu parce qu’ils ont montré un égoïsme national étonnant tout en prenant des mesures économiques sans souplesse et d’une façon doctrinaire. Que va-t-il arriver? Les élections anglaises auront lieu en janvier. Je déduis cela du fait que le Roi d’Angleterre m’a invité à faire un séjour au mois de mars après les élections.» (Je vous prierai de considérer ceci comme un renseignement confidentiel qui peut être très important, le Président m’ayant dit: «gardez cela pour vous».)
Le développement en Allemagne inquiète mon interlocuteur:
«Dès le début j’ai déclaré aux dirigeants de notre politique extérieure, comme aux Américains, qu’il fallait éviter à tout prix la séparation de l’Allemagne en deux entités.» Là encore, M. Vincent Auriol se reprit, en observant qu’il se trouvait sur ce point en léger désaccord avec son Gouvernement3. Puis il enchaîna:
«Maintenant, d’après toutes les nouvelles que je reçois – et chaque télégramme le reflète – l’influence de l’Allemagne du Nord sur l’Allemagne du Sud, l’influence d’un certain élément viril et déterminé sur une partie de la population beaucoup plus passive, je dirais féminine, se fait sentir de façon inquiétante. Je ne crois pas qu’à la longue l’Allemagne échappera à l’emprise et le fait de la nomination du Maréchal Rokossowski en Pologne indique bien que les Allemands se substituent à ce dernier pays dans le jeu soviétique et qu’elle prendra la place d’une Pologne, hier encore satellite et non intégrée totalement.»
Il me parla aussi du Parti Communiste français de façon pénétrante, compréhensive et, en ce qui concerne les hommes, bienveillante. J’aurais l’occasion de vous en référer oralement.
- 1
- E 2300 Paris/103.↩
- 3
- Note marginale de C. J. Burckhardt: strictement confidentiel!↩
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