dodis.ch/48007

Le Chef du Service de Renseignements et de Sécurité de l’Etat-Major Général de l’Armée, R. Masson, au Général H. Guisan et au Chef de l’Etat-Major Général, J. Huber1

Par mes lettres des 8.3. et 11.3.45.2,

je vous ai tenu au courant des pourparlers engagés par Kesselring avec les Alliés en vue de mettre fin aux hostilités en Italie.

Page 2, chiffre 6 de ma lettre du 11.3., je vous annonçais que: «la prochaine conférence aura lieu, probablement le 15.3. à Ascona. Tout laisse prévoir que le maréchal Kesselring y assistera en personne».

J’ai l’honneur de vous donner sur le développement et l’état actuel de cette affaire les informations qui suivent:

1) La conférence d’Ascona - différée d’une semaine - a eu lieu conformément au plan établi à Zurich.

Y assistaient: Côté allié - M. Dulles (Roosevelt)

- un général anglais

- un général américain

(ces of. représentaient le Général Wilson)

Côté allemand - Général SS. Wolf

(dont ma lettre du 11.3. a précisé

les fonctions)

2) Kesselring, ayant été entre-temps appelé à prendre le commandement du front ouest (comme nous l’avons annoncé dans notre «Bulletin de renseignements» No 669 du 20.3.45.3 n’a pu réaliser son projet initial de se rendre à Ascona. Attitude logique de la part de cet officier général qui ne pouvait, au risque d’être suspecté de trahison, refuser «l’appel flatteur» de Hitler.

3) L’entretien d’Ascona a porté sur les modalités d’exécution de «l’armistice» (capitulation) en Italie, tout en tenant compte de l’hypothèque suivante: l’affaire s’est quelque peu compliquée du fait que l’attitude du successeur de Kesselring, le général Vittinghof(ancien cdt. de la 14e armée) ne peut pas encore être nettement définie et que Wolf n’a pas pu garantir son «concours».

4) Wolf a quitté ses interlocuteurs alliés en affirmant que ses intentions demeuraient inchangées. Il devait se rendre sans retard auprès de Kesselring (sur le front ouest) et sonder Vittinghof. Sa visite à K. est confirmée.

5) Un nouvel entretien de Wolf avec un représentant allié doit avoir lieu, probablement demain 30.3.45.

6) Conclusion: l’affaire se poursuit; son développement a dû être ralenti par le brusque départ de Kesselring et la nomination du gén. Vittinghof sur le front des Apennins. Si l’attitude de Kesselring demeure inchangée dans son principe, il n’est pas exclu que ce dernier cherche également à l’appliquer «pratiquement» sur le front ouest et que les événements se précipitent, le front ouest réagissant sur le front sud ou le contraire.

7) Un autre rapport va suivre, dès que je serai informé.