dodis.ch/48004 Le Général Guisan, Commandant en Chef de l’Armée suisse, au Général de Lattre de Tassigny, Commandant en Chef de la lre Armée française1

C’est avec une vive impatience que j’attendais le retour de la délégation d’officiers suisses que vous aviez bien voulu inviter en stage à votre Armée2

. Je ne doutais pas qu’ils seraient accueillis avec bienveillance et autorisés à s’informer aux meilleures sources.

Mais le rapport que m’a fait hier le Colonel divisionnaire Corbat, rentrant de mission, dépasse encore mon attente. Vous avez tout mis en œuvre pour que chaque journée, chaque heure fût employée au mieux et pour que mes officiers eussent leur part de vos expériences les plus intéressantes. Rien de ces précieuses leçons ne sera perdu; et leur application à nos besoins, à notre cas particulier, fera l’objet d’une étude des plus attentives. Ces leçons ont d’autant plus de valeur qu’elles furent recueillies au lendemain de vos campagnes d’Italie, de Provence, de Belfort et d’Alsace, dans le magnifique climat d’une armée victorieuse.

Nos officiers ont bien compris le sens le plus haut que revêt cette victoire, qui n’est pas seulement la marche au Rhin et au-delà, mais, par dessus tout, la formation d’une élite qui, sa première œuvre accomplie sur les champs de bataille, se consacrera, plus forte et mieux éclairée, au service de votre Pays.

A cet égard, la belle démonstration offerte, au terme du stage, par votre «Ecole de cadres» de Rouffach - école à laquelle vous imprimez la marque de votre influence personnelle - demeurera pour les miens un souvenir inoubliable.

Voulez-vous avoir l’obligeance d’être mon interprète auprès de MM. les Généraux commandant les corps d’armée et les divisions de la lre Armée pour les remercier des attentions qu’ils ont eues à l’égard des officiers suisses pendant qu’ils séjournaient dans leur secteur3.