dodis.ch/47895

Le Ministre de Suisse à Stockholm, P. Dinichert, au Chef du Département politique, M. Pilet-Golaz1

Un haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères vient de me rapporter une conversation qu’il a eue aujourd’hui même avec un membre de la mission soviétique. Celui-ci a donné cette explication de la réponse négative russe à l’ouverture suisse que notre pays avait toujours observé une attitude d’opposition à l’égard de Moscou et pratiqué la propagande antibolchéviste, que cela était vrai pour la Confédération comme telle aussi bien que pour certains Cantons, que récemment encore cette prise de position systématique s’était manifestée par la prétendue livraison à l’Allemagne de prisonniers ou internés russes se trouvant en Suisse. Nous ignorons, mon interlocuteur comme moi, de quoi il peut s’agir là2. Le Russe ayant déclaré, en résumé, qu’il fallait que cela change, le Suédois objecta que, du côté suisse, on avait précisément cherché à arranger les choses.

Le fonctionnaire suédois est d’avis que Moscou tentera d’exploiter la démission du chef du Département politique comme un succès russe, mais que ce serait une manifeste erreur de paraître donner raison aux Soviétiques. Il n’y aurait, vis-à-vis d’eux, qu’à demeurer calme et aussi peu empressé que possible.

[...]3