Classement thématique série 1848–1945:
2. RELATIONS BILATÈRALES
2.21. SUÈDE
Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 14, Dok. 55
volume linkBern 1997
Mehr… |▼▶Aufbewahrungsort
Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2300#1000/716#1020* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 2300(-)1000/716 443 | |
Dossiertitel | Stockholm, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 11 (1941–1941) |
dodis.ch/47241
Depuis avant-hier, des bruits alarmants circulaient ici avec persistance au sujet du développement des relations germano-russes2. Ils représentaient la situation comme plus grave encore que celle que je vous définissais dans ma dernière lettre politique, du 9 juin3, sur la base de déclarations faites par une personnalité étrangère débarquant de Moscou.
Je suis donc allé aux renseignements à la meilleure source suédoise, où l’on m’a confié les impressions résumées dans mon télégramme No 47 d’hier4. Les renseignements, en effet, qui viennent d’arriver à Stockholm sur l’état d’ultime préparation allemande en vue d’une campagne russe font considérer les journées présentes comme des plus critiques et peut-être décisives, du moins pour le prochain avenir. Aussi le Ministre des Affaires étrangères, parti au début du mois pour un congé officiellement annoncé de trois semaines, est-il précipitamment rentré dans la capitale.
On se représente que l’Allemagne formule en ce moment ses exigences absolues vis-à-vis de Moscou avec la claire menace de mettre en mouvement les trois millions d’hommes qui attendent l’arme au pied sur son immense frontière avec la Russie. Elles comporteraient, avant tout, les livraisons nécessaires de denrées alimentaires, de carburants, de métaux, etc. avec des garanties de transport, d’exploitation, de surveillance et d’administration draconiennes. Il se pourrait qu’il s’y ajoute des demandes concernant le retrait de l’interdiction du transit d’armes, la suppression de la livraison de matériel de guerre à la Chine, la fixation de l’attitude de la Russie vis-à-vis de la Turquie.
La persuasion est générale que Staline cédera dans toute la mesure du possible, cette limite pouvant être déterminée par l’attitude du commandement de l’armée. Mais la question demeure si l’Allemagne se contentera aujourd’hui de promesses, même accompagnées de larges garanties. A ce propos, on relève ici en lieu officiel que l’Allemagne, manquant absolument de techniciens et d’ouvriers qualifiés pour sa production de guerre à tous les degrés, se verra contrainte de procéder avant longtemps à une démobilisation partielle. Or elle ne peut risquer de démobiliser tant que l’armée rouge est là intacte et même en progression constante. Il n’est donc pas exclu que la défaite et le désarmement de la Russie apparaissent aux dirigeants allemands comme la condition indispensable de la sécurité du Reich vers l’est.
Ainsi que je le signalais dans mon télégramme d’hier, ce que l’on appréhende ici, en cas de conflit germano-russe, c’est l’action immédiate probable des deux adversaires pour tâcher de s’assurer d’emblée la maîtrise de la Baltique. L’île de Gothland ou certains points du littoral suédois pourraient-ils être l’objet des convoitises des belligérants pour y établir des bases navales ou aériennes? - Puis, resterait pour la Suède la grosse question de savoir ce qui se passerait en Finlande. Plusieurs de mes rapports précédents ont déjà fait allusion à ce problème, compliqué de possibilités diverses.
Il est aussi beaucoup question à cette heure de la visite que fait à Londres l’Ambassadeur de Grande-Bretagne à Moscou, Sir Stafford Cripps. Or on croit savoir ici qu’il ne serait point des mieux renseignés. Non seulement il n’a pas accès, pas plus du reste que les autres ambassadeurs, auprès de Staline, mais il n’aurait pas même rencontré Molotov depuis des semaines.
Je ne saurais terminer cette lettre sans souligner la satisfaction éprouvée ici - et qui ne m’a pas été cachée - de la référence faite, dans votre récent discours au Conseil des Etats5, aux conseils de prudence et de pondération donnés par M. Günther au peuple suédois.
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