dodis.ch/46577 Le Chef du Département politique,
G. Motta, au Rédacteur en chef de la «Liberté», J.
Quartenoud1
Confidentiel Berne, 9 juin 1938
La «Liberté», que je lis chaque jour avec sympathie et intérêt, vient d’avoir avec la «Squilla Italica», une petite polémique dans laquelle je ne songerais pas à m’immiscer si elle n’avait amené votre excellent journal, dans sa «réponse» du 7 juin, à faire un éloge à mon avis un peu optimiste de l’impartialité avec laquelle la presse suisse est renseignée sur les événements internationaux.
Permettez-moi de vous dire, à titre tout à fait personnel et confidentiel, que les reproches parfois formulés en Allemagne et en Italie contre les sources d’information de notre presse ne me paraissent point sans fondement. Au contraire, je me préoccupe fort - et depuis longtemps - de la place exagérée que l’Agencetélégraphique suisse donne à des nouvelles souvent nettement tendancieuses provenant de l’Agence Havas. Ce fâcheux état de choses provient, en partie, d’un contrat financièrement avantageux conclu entre Havas et l’Agence télégraphique et cet aspect pécuniaire du problème le rend particulièrement malaisé à résoudre.
Nous ne parviendrons à une solution satisfaisante que si les rédactions des principaux journaux suisses se convainquent elles-mêmes que tout n’est pas pour le mieux dans la façon dont leur parviennent leurs informations et la présente lettre n’a pas d’autre but que d’appeler votre attention si avertie sur cet important problème. Je suis persuadé que vous ferez vous-même des constatations qui vous suggéreront peut-être des remèdes2.