Classement thématique série 1848–1945:
II. RELATIONS BILATÉRALES
15. Italie
15.6. Affaires de presse
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 11, doc. 295
volume linkBern 1989
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| Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001C#1000/1534#1928* | |
| Old classification | CH-BAR E 2001(C)1000/1534 100 | |
| Dossier title | Verbot von Schweizerzeitungen in Italien (1934–1936) | |
| File reference archive | B.46.16 • Additional component: Italien |
dodis.ch/46216
Le Chargé d’affaires a. i. de Suisse à Rome, L. Micheli, à la Division des Affaires étrangères du Département politique1
J’ai eu l’honneur de recevoir votre lettre du 17 septembre2, concernant les journaux suisses interdits en Italie, à laquelle était jointe copie d’une communication de la rédaction de la «Thurgauer Zeitung».
A la suite de vos instructions, j’ai eu une discussion approfondie avec le Directeur de la Presse étrangère3, assisté d’un collaborateur, dossiers en mains. J’ai pu constater que la liste des journaux interdits que vous m’avez communiquée dans votre aide-mémoire4 n’a pas été modifiée par une décision formelle. Ayant manifesté ma surprise de ce que, le conflit éthiopien et le régime des sanctions étant terminés5, on n’ait pas procédé à une révision de cette liste6, dans laquelle se trouvent pêle-mêle des organes d’extrême gauche systématiquement hostiles à l’Italie et d’autres qui ne peuvent pas être considérés comme tels, on m’a rappelé que la Suisse avait bénéficié d’un régime spécial et que la révision avait déjà eu lieu pendant le conflit. En effet, vous vous souvenez, tous les journaux des pays ayant participé aux sanctions ont été, de prime abord, interdits. Pour la Suisse, on a fait exception très vite pour une série de journaux. Ensuite, on a réadmis en principe tous les journaux suisses, sauf une liste qui est celle que vous connaissez. A celle-ci sont venus s’ajouter temporairement le «Bund» et la «National Zeitung». A ce propos, on a relevé que c’était uniquement sur les instances pressantes de la Légation et pour nous être agréable que l’on avait réautorisé ces deux journaux, et il semble que la «National Zeitung», notamment, ait de nouveau vivement déplu par des articles dépeignant sous des couleurs noires le régime italien en Abyssinie et accusant les autorités de donner des nouvelles inexactes.
Quant au «Bund», il faut dire que son correspondant à Rome, M. Casagrande–, j’ai pu le constater une fois de plus, – est «persona ingratissima» au Ministère de la Presse7. Le Directeur général m’a dit: «Si ce n’était pas un Suisse, il y a longtemps que nous l’aurions mis dehors». A propos de la «Thurgauer Zeitung» et de l’«Aargauer Tagblatt», comme je relevais qu’il s’agissait d’organes ne pouvant pas avoir d’influence politique en Italie et n’atteignant qu’un petit nombre d’abonnés et de touristes de passage, on m’a répondu: «Si ces journaux n’avaient pas M. Casagrande comme correspondant à Rome, ils ne seraient probablement pas sur la liste». Je ne voudrais naturellement pas que le fait que je vous rapporte ces propos fasse tort à la carrière et la situation de ce compatriote, qui n’a pas toujours une attitude et une main très heureuses, mais qui a un certain cran et de l’indépendance. Je ne puis que constater, à mon regret, qu’il a le don d’agacer et d’indisposer les milieux officiels italiens. M. Ruegger lui a donné des conseils de modération et de prudence, mais il n’a pas réussi, tout de même, à se gagner des sympathies.
En ce qui concerne le «Dovere», le Directeur général m’a assuré qu’à la suite d’une nouvelle démarche que nous avions faite il y a quelque temps, le dossier était de nouveau à l’examen.
D’après ce que l’on m’a expressément indiqué, M. Tamaro a donné un préavis défavorable à la révision de la liste des journaux que vous m’avez remise. Sur mes instances, on m’a promis de réexaminer de nouveau, dans un sens favorable et dans le désir de chercher à nous être agréable, le dossier des journaux suivants, à part le «Dovere»:
«Aargauer Tagblatt» «Landbote»
«Die Nation»
«Neue Bündner Zeitung»
«La Revue»
«Thurgauer Zeitung»
Pour le «Journal des Nations»8, bien entendu, rien à faire. Pour le «Popolo e Libertà», non plus. Quant aux autres organes qui sont d’extrême gauche, il n’est pas question de revenir sur l’interdiction d’entrée.
Ayant parlé de «La Revue», j’ai constaté qu’on lui reprochait, déjà en 1934, un article sur Naples qui serait très défavorable pour le tourisme. Il m’a semblé que l’on en voulait tout particulièrement, au Ministère précité, non pas aux journaux qui arborent carrément une couleur socialiste et antifasciste déclarée et n’atteignent généralement qu’un public déjà gagné à ces opinions politiques; mais aux journaux bourgeois, qu’ils soient catholiques, radicaux ou conservateurs, qu’on voudrait sympathiques, mais dont les chroniques, considérées comme hostiles à l’Italie en général ou à l’entreprise éthiopienne, offraient plus de portée et de dangers au point de vue propagande.
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