dodis.ch/44555
Le Chargé d’Affaires de Suisse à Bruxelles,
F. Barbey, au Chef du Département politique,
G. Motta1
Confidentiel. Très urgent
Bruxelles, 31 mai 1920
Vous confirmant mon télégramme de ce jour2 au Département politique, je m’empresse de vous informer que j’ai donc remis aujourd’hui à midi personnellement à M. Hymans, la note du Conseil fédéral au Conseil de la Société des Nations.3 M. Hymans, qui dans toute cette affaire de la compétition de Genève et de Bruxelles a été toujours avec moi d’une correction parfaite, a pris connaissance sous mes yeux du texte et m’a dit ensuite: «Je puis vous dire, M. Barbey, que la délégation belge n’a fait à Rome aucune démarche quelconque pour réclamer la réunion de novembre à Bruxelles. Mais je dois ajouter, a-t-il repris un peu plus tard, que si votre Gouvernement tentait maintenant de faire revenir le Conseil de la décision prise pour l’Assemblée générale de novembre, ce geste serait très mal interprété ici, où la décision prise a causé une vive satisfaction. Je vous le dis catégoriquement, une tentative de ce genre serait extrêmement malheureuse.»
J’ai alors touché deux mots à M. Hymans de la situation délicate où nous nous trouvons en Suisse et en particulier à Genève, vis-à-vis de notre peuple, après la désignation publique qui avait été prise. Mais il n’a rien ajouté et j’ai préféré ne pas insister. D’ailleurs, il paraissait fort préoccupé au sortir d’un conseil de cabinet où l’on avait discuté la question de Hollande, qui passe par une phase très critique.
J’ai tenu à vous faire part immédiatement de cet entretien et de l’opinion de M. Hymans qui, je le répète, a toujours été fort objectif dans cette question et à l’opinion duquel nous devons prêter une grande attention, me semble-t-il.