dodis.ch/44543 L’Attaché de Presse au Service d’information du Secrétariat général de la Société des Nations, W. Martin, au Chef du Département politique, G. Motta1

A mon retour à Londres, où je rentrais plein de joie et de fierté du vote du peuple suisse, auquel vous avez pris une si grande part, j’apprends la désignation de Bruxelles comme siège de l’Assemblée. J’étais allé à Berne exprès pour vous l’annoncer, et malgré les promesses que vous avait faites M. Scialoja, je ne me sentais pas rassuré. Les faits, hélas, me donnent raison.

Je considère cette désignation comme un fait très grave pour notre pays. On nous donnera toutes les assurances que nous voudrons sur le siège définitif h Genève. Mais l’Assemblée verra se développer toutes les intrigues franco-belges contre Genève, qui viennent d’obtenir un premier succès. Le Gouvernement fédéral a promis à notre peuple qu’il travaillerait dans le sein de la Ligue, en faveur de l’universalité. Il se doit de protester contre une décision qui vise manifestement à dénaturer le sens de cette évolution.

Bien qu’il soit fort tard, il nous reste un moyen: c’est le Président Wilson qui convoque l’Assemblée. Le Conseil lui a simplement adressé une prière. Il n’est nullement certain qu’il s’y rende, et il nous reste une chance, en agissant directement sur lui, de réparer ce qui a été manqué à Rome.