Confidentielle Rome, 29 avril 1919
La «Berner Tagwacht» et 1’«Intelligenzblatt» racontent que M. Sonnino, en novembre dernier, m’aurait fait venir à la Consultà pour me charger de faire savoir au Conseil Fédéral que l’Entente exigeait une répression rigoureuse des troubles bolchevistes en Suisse.
Sous cette forme la nouvelle est absolument inexacte. Vous vous souvenez que je m’étais rendu chez M. Sonnino de mon plein gré et que c’est au cours de la conversation qu’il avait attiré mon attention sur les désagréments qui pourraient résulter pour la Suisse d’une infiltration bolcheviste. M. Sonnino ne m’avait rien dit d’autre et n’avait fait aucune allusion quelconque à une intervention de l’Entente. Mais j’étais en droit de comprendre quel était le vrai sens de cet avertissement.
Je vous avais immédiatement informé, de la façon la plus exacte, de cette conversation. Les récits publiés par les journaux bernois et qui doivent être attribués, je le suppose, à quelque conversation avec un membre du Conseil fédéral, me mettent, comme vous le pensez bien, dans une situation assez embarrassante: on attribue à M. Sonnino des paroles qu’il n’a pas prononcées et l’on me met vis-àvis de lui dans une très fâcheuse posture.
Je vous serais très obligé de vouloir bien me dire comment a pu se produire ce pénible incident et si c’est peut-être le Conseil fédéral lui-même qui a cru devoir informer un de nos chefs socialistes. Dans ce dernier cas il conviendrait de ne pas laisser s’établir une légende et de bien faire savoir que M. Sonnino n’a jamais prononcé les paroles qu’on lui attribue.
Je vous remercie très vivement d’avance de ce que vous voudrez bien me faire connaître à ce sujet.2