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Documents Diplomatiques Suisses, vol. 7-I, doc. 115
volume linkBern 1979
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Archives | Archives fédérales suisses, Berne |
▼ ▶ Cote d'archives | CH-BAR#E2200.41-02#1000/1671#9043* |
Ancienne cote | CH-BAR E 2200 Paris 1 1514 |
Titre du dossier | Correspondance politique et diplomatique, Teil 1 (1919–1919) |
Référence archives | 1/1-100 |
dodis.ch/43860
Je viens d’avoir une longue conversation avec M. de Scavenius, Ministre de Danemark à Petrograd, qui arrive à l’instant de Russie. Je ne vous répéterai pas tout ce qu’il m’a dit sur la situation de l’ancien Empire des Tsars. Les interviews qu’il a donnés aux journaux vous renseigneront suffisamment sur son opinion à cet égard.
Mais je tiens à vous signaler que M. de Scavenius a vu, le 14 décembre dernier, mon collègue M. Odier qui venait de recevoir du Gouvernement des Soviets un ultimatum motivé par l’expulsion de Suisse de la mission bolcheviste. M. Odier aurait alors demandé conseil à son collègue danois. Celui-ci me dit qu’il engagea notre ministre à provoquer une démarche du Gouvernement fédéral tendant à notifier au Gouvernement maximaliste que nous recevrions une nouvelle mission envoyée par lui s’il consentait à laisser partir en toute sécurité le personnel de notre Légation en Russie. M. de Scavenius aurait ajouté qu’il était facile au Gouvernement fédéral de refuser aux délégués des Soviets l’accès de notre territoire dés que nous aurions acquis la certitude que M. Odier et ses collaborateurs étaient en sûreté. Le diplomate danois suggérait aussi que l’on aurait pu laisser entrer en Suisse la nouvelle mission bolcheviste, quitte à l’expulser sous un prétexte quelconque deux jours après son arrivée.
M. Odier aurait répliqué que le procédé ne lui paraissait pas honnête et qu’il n’osait pas y avoir recours. Quant à M. de Scavenius, son opinion est qu’à l’égard des Bolcheviks il n’y a pas de ménagements à prendre et qu’il faut se défendre par tous les moyens.
J’ai cru utile de vous soumettre ces réflexions.
M. de Scavenius ajoute encore que l’idée de M. Odier était de faire inviter les Gouvernements scandinaves à lier le retour en Russie des maximalistes qui se trouvent chez eux au retour en Suisse du personnel de notre Légation. M. Odier avait même chargé M. de Scavenius, qui s’est acquitté de ce mandat, d’agir dans ce sens à Stockholm et Christiania.
Mais le Ministre du Danemark estime le procédé peu efficace, car les Bolcheviks résidant actuellement dans les Pays scandinaves ne demandent qu’à y rester et ne tiennent pas du tout à rentrer chez eux, où ils ont partie gagnée et où, par conséquent, leur activité serait sans emploi.
- 1
- Lettre (Copie): E 2200 Paris 1/1514. Notre Légation à Petrograd.↩
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