J’ai l’honneur de porter à la connaissance de Son Excellence, Monsieur le Président de la Confédération, le contenu d’un télégramme qui vient d'être reçu du Secrétaire d’Etat américain.
Ce télégramme démentit catégoriquement le bruit selon lequel les envois de blé des Etats-Unis cesseraient pendant les trois mois prochains. Il ajoute que l’Allemagne annonçait semi-officiellement (et M. Sulzer le Ministre de Suisse à Washington a confirmé cette déclaration verbalement au Département d'Etat) que ses saufconduits donnés aux navires américains apportant des grains pour la Suisse en route pour Cette n’entreront pas en vigueur avant l’expiration de trois mois, nécessaires, disait-elle, pour modifier les ordres donnés aux commandants des sous-marins et selon lesquels des bateaux américains transportant du blé à Cette pour la Suisse, doivent être torpillés. Il est donc évident que l’Allemagne, en ce qui concerne des navires américains, maintient toujours un blocus armé de la Suisse et que des bateaux américains transportant du blé déjà offert à la Suisse, ne pourront faire le voyage à moins qu’ils ne soient en position de s’ouvrir le chemin, bloqué par FAllemagne, en se battant; ce blocus ferme même le passage supposé libre vers le port de Cette.
Le Gouvernement des Etats-Unis est prêt à accepter ce défi. Deux bateaux chargés de blé pour la Suisse, battant le pavillon américain, sont déjà en route vers un port français de l’Atlantique, et ces bateaux sont escortés par des navires de la marine des Etats-Unis.
En plus du secours que le Gouvernement des Etats-Unis peut donner au Gouvernement suisse en faisant accompagner ses envois par des forces navales afin d’assurer à la Suisse l’arrivée de ses blés, il y a également la possibilité que la Suisse reçoive des provisions sur des bateaux neutres, quoique cette possibilité soit beaucoup diminuée étant donné que le vapeur espagnol «Sardinero» chargé de blé pour la Suisse a été torpillé par un sous-marin allemand sans qu’il se soit trouvé dans la zone dangereuse.
Les démarches déjà faites par le Gouvernement des Etats-Unis devraient être une garantie suffisante de l’intention de ce gouvernement de livrer à la Suisse ses blés. Il y a lieu de rappeler que les efforts extraordinaires que font les Etats-Unis, et feront encore, diminueront naturellement les rations de blé du peuple américain. Les exportations déjà faites à des pays neutres et aux Alliés ont réduit les provisions domestiques à tel point que la consommation de blé par tête en Suisse est maintenant considérablement plus grande que la consommation par tête aux Etats-Unis.
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