En vous confirmant mon télégramme de ce jour, j’ai l’honneur de vous faire savoir que j’ai remis personnellement à M. Pichon la note dans laquelle le Conseil fédéral dépeint la situation de plus en plus critique du ravitaillement de la Suisse2.M. Pichon a lu attentivement cette note devant moi et a paru extrêmement impressionné par son contenu; il a aussitôt inscrit, en ma présence, à l’angle de ladite note: «à communiquer aujourd’hui même aux Ministères du Ravitaillement, du Commerce, du Blocus et de la Guerre, puis me rendre tout de suite cette note pour que j’en entretienne le prochain Conseil des Ministres».
J’ai ajouté quelques mots pour insister de manière pressante auprès du Ministère des Affaires Etrangères afin qu’il prenne contact avec les cabinets de Londres et de Rome auxquels la même note était remise sans doute au même moment. M. Pichon m’a répondu de manière très positive que je pouvais compter sur lui et que cette situation de la Suisse retiendrait toute son attention.
Quelques instants après, j’ai déjeuné avec les deux têtes du Ministère du Blocus, MM. Delavaud et Seydoux; je leur ai parlé de la démarche que je venais de faire au Quai d’Orsay et j’ai remis à M. Delavaud une copie de ma note.
Enfin, j’ai eu la visite de M. Stovall, de retour d’Amérique, et qui pense partir dans deux jours pour Berne. Comme il me demandait gaiement des nouvelles de la Suisse, je lui ai répondu tristement que cela allait aussi mal que possible, que rien n’allait et que je venais de pousser un cri de détresse chez M. Pichon. Le Ministre des Etats-Unis à Berne n’en revenait pas et m’a tout de suite demandé ce quïl pouvait bien faire en notre faveur; je l’ai prié d’aller voir l’Ambassadeur Sharp et surtout son Conseiller M. Bliss pour les intéresser à notre sort. En même temps, je lui ai remis également une copie de ma note à M. Pichon et maintenant, il ne me reste plus qu:à attendre le résultat de ces démarches et à ne pas perdre l’espoir qu'elles auront quelque succès.
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