dodis.ch/43635
Le Ministre de Suisse à
Paris,
A. Dunant, à la Division des Affaires étrangères du Département politique
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Paris, 27 novembre 1917, 23 h
Je vous confirme mon télégramme 962, Je viens d’avoir un long entretien avec MM. Taylor et McCormick, accompagnés de Dresel (de la Légation des Etats-Unis en Suisse). Ces messieurs ont eu au sujet de notre ravitaillement les meilleures intentions; ils n’ignorent pas nos besoins et souhaitent voir l’accord se faire à la satisfaction générale. La délégation américaine a pleins pouvoirs pour discuter et trancher sur les points non encore liquidés du projet de notre Légation de Washington. Devant rentrer le plus tôt possible dans leur pays, les délégués quitteront Paris samedi soir ou dimanche. Il leur est donc impossible de faire le détour de Berne. Veuillez envoyer d’urgence un mandataire ayant pleins pouvoirs ou autoriser Grobet à traiter. Dans la séance de cet après-midi, à ce que m’assure M. Seydoux, on examina très sérieusement la position de la Suisse et tous les participants, y compris les Américains, affirmèrent leur volonté de maintenir notre ravitaillement, sans exiger pour cela que nous cessions tous rapports avec les Empires Centraux. On entend donc nous laisser le bénéfice de notre situation présente, morale et économique.
Contrairement à l’opinion des Américains. Seydoux ne croit pas à la possibilité d’aplanir immédiatement toutes les divergences que soulève le projet Sulzer3, mais aussitôt que le gouvernement suisse en aura accepté le principe, les Alliés demanderont que les Etats-Unis nous envoient immédiatement plusieurs navires de céréales.