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Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 6, doc. 358
volume linkBern 1981
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| Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
| Archival classification | CH-BAR#E7350#1000/1104#3* | |
| Dossier title | England (1914–1918) | |
| File reference archive | 1 |
dodis.ch/43633
Le Gouvernement de Grande-Bretagne s’est adressé par l’intermédiaire de Votre Excellence au Département suisse de l’Economie publique, en vue d’obtenir de la part de la Suisse l’ouverture d’un crédit mensuel de 12 millions et demi qui serait accordé pour la durée de dix mois, porterait intérêt sur le pied de 5% l’an, en plus d’une commission de I1/2 au maximum, et serait remboursable dans dix ans. En échange, le Gouvernement britannique offre à la Suisse les facilités qui lui ont été accordées jusqu’à maintenant pour l’affrètement de bateaux et certaines concessions touchant l’importation en Angleterre de marchandises suisses dites de luxe.
Après avoir examiné d’une manière approfondie la question soulevée par Votre Excellence, le Département suisse de l’Economie publique se permet de rappeler que dans le préambule de l’arrangement conclu le 29 septembre 19172 avec le Gouvernement français, le Conseil fédéral s’est déjà déclaré prêt en principe à accorder aux Gouvernements alliés des crédits qui devraient être en rapport direct avec l’importation des marchandises nécessaires au ravitaillement du pays. Le Département de l’Economie publique est disposé à discuter la question des crédits séparément au lieu de conjointement avec le Gouvernement de Grande-Bretagne et le Gouvernement français, si cette manière de procéder est désirée. Aujourd’hui encore il se déclare prêt à faire ouvrir de pareils crédits dans la mesure du possible et à des conditions à fixer.
Toutefois, le Département de l’Economie publique doit faire remarquer que ce n’est pas sans hésitations et sans scrupules qu’il envisage cette opération. En effet, l’état actuel du change ne constitue nullement la preuve d’une abondance d'argent en Suisse; la situation peut changer d’un moment à l’autre, si les conditions de la vie économique du pays devaient se modifier et si les exportations de la Suisse devaient être limitées. D’autre part, les ressources d’un petit pays étant naturellement modestes, la somme à avancer ne saurait dépasser une certaine limite. Or, le Gouvernement français ayant manifesté le désir d’obtenir de nouveaux crédits mensuels, la somme de 12 millions et demi proposée par le Gouvernement britannique paraît beaucoup trop élevée. Tout en faisant également des réserves quant aux intérêts et à la commission proposés - la question devra être résolue par des financiers - le Département de l’Economie publique se permet de déclarer qu’il ne pourrait s’agir que d’un crédit remboursable dans 2Vi ans ou dans 3 ans au plus tard.
Ainsi que cela a déjà été exposé de vive voix, tout accord comportant de la part de la Suisse l’ouverture d’un crédit suppose de la part de l’autre partie contractante certaines prestations offrant une très grande importance pour le ravitaillement de la Suisse. En outre, l’accord doit stipuler que le crédit accordé se réduit dans la mesure où ces prestations ne sont pas exécutées. Les conditions auxquelles la Suisse pourrait ouvrir un crédit au Gouvernement britannique sont examinées par une commission d’experts qui n’a pas encore terminé ses travaux. Toutefois, il est d’ores et déjà évident que la question de l’affrètement de bateaux est au premier plan. Pour ne pas se voir privée des marchandises qui lui sont indispensables, la Suisse doit posséder des garanties quant à l’affrètement de bateaux. Le Département de l’Economie publique prend note avec une grande satisfaction du fait que la Légation de Grande-Bretagne paraît elle-même prête à envisager une relation entre l’affrètement de bateaux et l’utilisation des crédits. Etant donné les condition actuelles qui empirent pour ainsi dire de jour en jour, la Suisse ne voit pas la possibilité d’affréter les bateaux nécessaires au transport des marchandises qui lui sont indispensables, sans l’appui effectif de la Grande-Bretagne. Il s’agit d’un tonnage relativement modeste, soit 70000 tonnes par mois, à condition bien entendu que les achats de blé aux Etats-Unis soient possibles. Ce tonnage devrait être assuré à la Suisse. C'est pourquoi le Département de l’Economie publique, d’accord avec le Conseil fédéral, prie le Gouvernement de Grande-Bretagne de donner une nouvelle preuve de son ancienne amitié pour la Suisse, en lui procurant le tonnage indispensable à la vie de sa population. Le Département est évidemment prêt à examiner toute autre solution que pourrait lui proposer le Gouvernement britannique, pourvu que cette solution garantisse d’une manière quelconque le tonnage indiqué. Cette question du tonnage est extrêmement importante et même urgente pour la Suisse, car ses provisions se réduisent rapidement. Une crise paraît inévitable, si les conditions ne s’améliorent pas pour elle en ce qui concerne l’importation des marchandises et Faffrètement des bateaux.
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Economic and financial negotiations with the Allies (World War I)


