dodis.ch/43515

Le Ministre de Suisse à Londres, G. Carlin, à la Division des Affaires étrangères du Département politique1

Pour donner suite à votre ordre réitéré2 de ne plus tarder de remettre la note3 du Conseil fédéral, je l’apportais hier soir au secrétaire particulier de Lord RobertCecil, ce dernier étant absent. Je vis Lord Robert aujourd’hui à 4 heures. Son accueil était plutôt froid. Je lui ai expliqué les causes de mon retard et lui ait dit que c’était par égard pour l’opinion publique en Suisse que le Conseil fédéral a cru devoir faire cette démarche, laquelle n’avait aucune connexion avec les propositions des Empires centraux qu’elle n’était influencée d’aucun côté et faite sans accord préalable avec Wilson. Lord RobertCecil répondit qu’il était regrettable que notre démarche vienne après la note de l’Allemagne, car le public anglais croira toujours qu’elle était inspirée par l’Allemagne et qu’il était regrettable aussi que le Conseil fédéral dans sa note ne se soit pas désassocié du passage de la note du Président américain que je vous avais déjà signalé par mon télégramme du 224 comme particulièrement blessant pour les Alliés, à savoir que les motifs de guerre étaient les mêmes pour les deux groupes de belligérants. Cependant, ajouta Lord Robert, nous resterons toujours reconnaissants à la Suisse de ce qu’elle fait pour nos prisonniers. Ainsi que je vous l’avais fait prévoir l’accueil officiel fait ici à notre démarche est donc loin d’être favorable. Nous verrons demain ce qu’en dira la presse.